Rome : les enfants, chanteurs d'opéra

Pour les petits Romains, l’opéra est loin d’être un art ancien et obsolète. Quel est le secret pour réconcilier les enfants à l’art lyrique ? Les petits ténors et sopranos en herbe, ne sont pas simplement sensibilisés à cet art, ils montent sur les planches et chantent l’opéra…comme des grands ! Une initiative qui s’est propagée dans l’Italie toute entière depuis maintenant des années.

« Opera domani » fête cette année ses vingt ans.Voilà donc deux décennies que la jeunesse italienne chante l’opéra et grandit dans la société avec des notes de Mozart, Verdi, Wagner ou encore de Gluck. Chaque année l’association AsLiCo sélectionne un opéra qui sera présenté aux enfants de 0 à 18 ans, et donne aux enseignants un programme pour les préparer au spectacle. Un projet pionnier qui concerne chaque année 140 000 enfants de 23 villes différentes de la péninsule. Une initiative née en 1996 à Côme et qui a même réussi à apporter Mozart à Oman. C’était en 2015 et pour la première fois, des enfants ont chanté l'opéra en italien et en arabe.

700 chanteurs au lycée français de Rome

Dans la même veine qu'Opera Domani, le lycée français Chateaubriand de Rome tente lui aussi de sensibiliser les jeunes pousses à l'opéra. Et pour découvrir l'art lyrique, l'établissement a sa méthode : faire chanter les enfants. « Avec l'opéra, on arrive toujours à avoir une lecture différente où il y a des princes, des gentils, des méchants, des sorcières, des fées avec des pouvoirs surnaturels et les enfants adhèrent », raconte Mireille Morlupi, institutrice à Chateaubriand.

Une sensibilisation par la pratique donc, qui amène les élèves à répéter pendant plusieurs mois les airs des plus belles œuvres d'opéra, avant de monter sur scène donner de la voix aux côtés de chanteurs professionnels. L'initiative - en partenariat avec l'association musicale Europa in Canto - est un franc succès depuis plusieurs années, y compris du côté des chanteurs lyriques qui accompagnent les enfants : « Chanter avec des enfants qui chantent avec leur cœur, c'est formidable », raconte Simone Lollobattista.

Cette année, près de 700 enfants ont utilisé leurs cordes vocales pour interpréter Cendrillon, un opéra de Rossini. Parmi eux, Flaminia, 10 ans : « au début quand les chansons sont difficiles, c'est un peu difficile, mais après tu peux t'habituer ça va beaucoup mieux ». « L'opéra c'est très bien et chanter ensemble, ça fait du bien », confie quant à elle Ginevra.

Jeunes talents italiens en déclin

Verdi, Puccini, Rossini, on ne compte plus les compositeurs italiens connus et reconnus. On ne compte pas plus les grandes voix italiennes emblématiques de cet art parmi lesquelles Cecilia Bartoli ou Luciano Pavarotti. Des grandes salles mythiques telles que la Scala de Milan ou la Fenice de Venise participent également à la réputation de l'opéra italien à travers le monde.

Pourtant le pays qui a vu naître l’opéra, peine aujourd'hui à imposer ses jeunes talents, professionnels du chant lyrique, sur la scène internationale. Dans les concours internationaux l'Italie ne parvient plus à être en haut de la liste. « Où sont passés tous les jeunes italiens chanteurs d'opéra disparu ? », s’interrogeait récemment l'hebdomadaire britannique, The Economist. Ernesto Palacio, artiste péruvien, ténor et agent artistique avance une réponse : « Il y a des bonnes voix en Italie, mais beaucoup de jeunes pensent qu’une bonne voix suffit et ne veulent pas apprendre les autres aspects tels que l’action sur scène, la performance ». The Economist note alors que malgré la voix glorieuse de Pavarotti, « aujourd’hui il n’aurait surement pas fait l’affaire ». En cause, la concurrence féroce qui se joue avec la Corée du Sud, la Russie ou encore la Grande-Bretagne et un niveau toujours plus exigeant.

L’Italie ne doit pas pour autant se décourager, les étoiles montantes de l’opéra peuvent rebondir pour les années à venir et ce grâce à l’Opéra de Rome qui a lancé en janvier son premier programme pour jeunes artistes. En dehors de l'académie de La Scala, qui forme des jeunes chanteurs, il n’existait pas de programmes pour jeunes artistes à Rome. Eleonora Pacetti, directrice de ce programme entend bien démontrer que « nous Italiens pouvons encore être créatif dans le monde de l’opéra ».

 

 

Publié par Alban Mikoczy / Catégories : Non classé