En Une de l’actualité italienne, l’enquête sur le président du Parti démocrate de la région Campania - située dans le sud de l'Italie - Stefano Graziano. La police italienne a trouvé des indices sur les liens avec la Camorra, la mafia napolitaine. Hier, une perquisition a eu lieu dans son bureau et à son domicile.
« Embarras. Surprise. Incrédulité », écrit Il Messaggero. Stefano Graziano, depuis hier ex-président du parti de centre gauche auquel appartient aussi le Premier Ministre Matteo Renzi, a été soutenu par le boss du clan des Casalesi, Michele Zagaria. En échange, Graziano devait lui assurer des marchés publics. « Selon le décret des Carabinieri di Caserta, Graziano aurait demandé et obtenu le soutien électoral de Michele Zagaria dans la mesure où il était le point de référence politique et administrative du clan des Casalesi », explique Il Fatto Quotidiano.
A la fondation du Parti démocrate en 2007, Stefano Graziano, 45 ans, était même le chef de la trésorerie nationale du parti, puis a été député durant un mandat. Entre 2013 et 2014, il était conseiller d’Enrico Letta au Palazzo Chigi, le siège du gouvernement. Dans les colonnes du quotidien Il Messagero, Renzi affirme: « Graziano n’avait pas été renouvelé dans sa fonction, parce que son travail sous le gouvernement de Letta était prévu pour ne durer qu’un an ». Deux jours après sa visite dans la région, Matteo Renzi prend donc ses distances et demande la démission de l’ex-député. Ce dernier a confirmé immédiatement après la perquisition par SMS qu’il se retirait du parti. La Ligue du Nord et le parti de Beppe Grillo utilisent l’affaire pour pointer du doigt le Parti démocrate.
L'espérance de vie des Italiens cale
C'est une première historique pour l'Italie depuis que le pays vit en temps de paix, l'espérance de vie à la naissance a diminué entre 2014 et 2015. « L'Italie fume moins et fait plus de sport mais pour la première fois, l'espérance de vie diminue », titre la Repubblica. Le signal d'alarme est tiré par l'Observatoire Nationale sur la santé dans les régions italiennes (Osservasalute) et ses 590 pages de rapport photographiant la santé des Italiens et la qualité de l'assistance médicale dans le pays.
Un enfant né en 2015 peut ainsi espérer vivre jusqu'à 80,1 années pour un garçon et 84,7 années pour une fille contre 80,3 et 85 en 2014. « La tendance négative est due en bonne partie au pic de 54000 morts en plus enregistrés en 2015 », rapporte la Repubblica. L'écart entre les deux années n'est que de quelques mois mais le rétropédalage de l'espérance de vie est une première dans l'histoire moderne du pays et constitue un fait rare pour un pays européen. « Il y a déjà eu deux épisodes européens d'inversion de tendance. En ex-URSS quand le régime soviétique s'est effondré ainsi que son système de santé, les habitants ont perdu quatre années d'espérance de vie d'un seul coup. L'autre exemple, c'était au Danemark il y a 21 ans avec l'explosion des facteurs à risques liée à la consommation d'alcool et à la cigarette », explique Walter Ricciardi, directeur de l'Osservasalute et président de l'Institut supérieur de la santé (ISS).
Au-delà de la régression, c'est le décalage entre l'espérance de vie dans le Nord et dans le Sud de l'Italie que l'Osservasalute pointe du doigt. « L'Italie fait partie des dix meilleurs systèmes de santé au monde mais ceci n'est valable que pour une minorité d'Italiens », déplore Walter Ricciardi dans les colonnes de la Repubblica. Un enfant naissant dans les régions du sud de l'Italie telles que la Sicile ou Campania a une espérance de vie inférieure de quatre ans à celle d'un enfant né dans le nord du pays.
Le constat posé, les médias s'interrogent ce matin sur les raisons de la réduction de l'espérance de vie. En titrant « A force de couper dans les dépenses de santé, l'espérance de vie des Italiens s'arrête », Il Fatto Quotidiano annonce la couleur : ce sont les coupes budgétaires qui sont à l'origine du recul. « En 2015, le gouvernement Renzi a enlevé à la santé publique 2,35 milliards d'euros et les sacrifices ne sont pas finis. Le plan de finances publiques prévoit 2 milliards d'économies en 2015 et 5 milliards en 2018 », détaille le quotidien. Une volonté de réduire le déficit associée à un contexte de crise économique et à des listes d'attente interminables pour avoir un rendez-vous, expliqueraient le renoncement de certaines familles italiennes à consulter.
L'autre point noir du système de santé italien réside dans le défaut de prévention. « Avec seulement 4,1% des dépenses de santé consacrées à la prévention, l'Italie est en queue de peloton des pays européens », observe la Stampa. Une prévention qui pourrait pourtant permettre de détecter au plus vite certaines pathologies telles que les cancers. « Nous constatons une augmentation du nombre de tumeurs qui pourraient être prévues, surtout le cancer du sein et des poumons pour les femmes, et du colon pour les hommes », précise Allessandro Solipaca, secrétaire scientifique de l'Osservasalute.