A la Une de l’actualité ce matin, la Repubblica s’intéresse aux peurs des Italiens. « Vols dans les logements, pickpockets et demandes de port d’armes, voilà les peurs des Italiens », titre le quotidien, dressant le constat d’une population qui se sent de moins en moins en sécurité.
Le dernier rapport de l’Observatoire européen sur la sécurité est clair : 84% des Italiens interrogés dans le cadre d’un sondage sur la criminalité partagent le sentiment que les vols ont augmenté ces cinq dernières années. Les chiffres leur donnent raison. D’après les statistiques fournies par le ministère de l’Intérieur en 2014, les vols de pickpockets sont passés de 113 000 en 2009, à 180 000 en 2014. Dans le même temps, les vols domestiques - dans les logements des Italiens - ont littéralement bondi : 255 000 en 2014, contre 149 000 en 2009.
Si la criminalité organisée de type mafieuse arrive en première place dans le classement des peurs des Italiens avec 31, 1% des sondés craignant cette activité, la peur des vols intervenant dans les habitations arrive en deuxième position, avec seulement deux points d’écart dans les pourcentages. 29% des Italiens se disent en effet très préoccupés par le cambriolage de leur domicile. Le vol d’automobile arrive lui en troisième place avec 19,7%.
« L’intrusion dans les logements produit chez les Italiens un sentiment de violation personnelle qui les effraie. Le logement est un refuge qui vous protège, protège votre vie privée et votre famille. C’est l’endroit ultime où l’on peut s’extraire du monde extérieur », observe Ilvo Diamanti, sociologue ayant participé à l’élaboration du rapport.
Conséquence ou non de la recrudescence des délits ces cinq dernières années, les Italiens sont de plus en plus nombreux à fréquenter les salles de tir. « Les personnes qui travaillent dans les salles de tir parlent d’une augmentation de 20 à 30% de clients venant s’entrainer à tirer pour obtenir le port d’une arme sportive », explique la Repubblica. Cette licence permet aux Italiens de détenir une arme à leur domicile et les autorise à la transporter dans la rue jusqu’à la salle de tir. Le quotidien précise néanmoins que l’augmentation des licences de port d’armes est surtout liée à la croissance de la pratique sportive du « tir au pigeon d’argile ». Pour le sociologue Marzio Barbagli, aucun lien ne peut être établi entre le sentiment collectif d’insécurité et les rares épisodes de citoyens tentant de se faire justice eux-mêmes en tuant le voleur. « Ce sont des cas marginaux, liés à des personnes perturbées », soutient le sociologue.
La mafia napolitaine défie l'Etat
Au milieu de la nuit, 26 balles de kalashnikov ont été tirées sur la façade de la caserne des carabiniers du quartier de Secondigliano, dans la banlieue de Naples, raconte La Stampa. C’est l’un des quartiers régulièrement ensanglantés par la lutte pour le contrôle du marché de la drogue. Hier encore, un petit détaillant du quartier a été abattu dans une embuscade. « Ces 26 coups de feu sonnent comme un défi que même les auteurs de la fiction Gomorra n’auraient pas imaginé » note le journal. Cette vengeance contre les autorités seraient le fait du clan « Vinella Grassi ». Dans la journée, des policiers ont surgi au domicile d’un de ses boss en fuite pour signifier à sa femme une décision de justice. Les autorités ont décidé de retirer à leur famille la garde de leurs enfants, un coup déloyal pour la Camorra. Le clan aurait donc décidé de représailles à l’encontre de la caserne. Une manière de faire particulièrement brutale de cette organisation, décrite par un source policière comme composée de « gens qui tirent, puis ensuite commencent à discuter ». Une nouvelle génération de « mauvais garçons » qui a clairement décidé de « déclarer la guerre à l’Etat » conclut le journal.
Menace, agressions physiques et verbales : le travail sous pression des journalistes italiens
Des journalistes subissant des intimidations de la part de la mafia, insultés, menacés de mort ou agressés, le bilan de la liberté de la presse en Italie est « alarmant » d’après le rapport 2016 publié par Reporter sans frontières. Dans le classement mondial de la liberté de la presse, l’organisme place le pays à la 77ème position, loin derrière la Finlande, les Pays-Bas ou la Norvège - tous trois sur le podium - mais également loin derrière la Jamaïque et sa 10ème place. En 2015, l’Italie était 75ème dans le classement.
Une situation particulièrement inquiétante. Depuis 2006, l’Observatoire promu par la Fédération de la presse et l’Ordre des journalistes constate une augmentation continue des menaces envers les chroniqueurs, surtout en provenance de la criminalité organisée. 2763 cas de menaces répertoriés ces dix dernières années, dont 528 en 2015 et déjà 90 sur les quatre premiers mois de 2016. Les journalistes italiens recevant le plus de menaces sont ceux de la presse écrite. Suivent ensuite les journalistes travaillant pour le Web et pour la télévision.
Et dans les faits, la situation pourrait être encore bien pire. « Derrière chaque cas d’intimidation qui sort au grand jour en Italie, au moins dix autres cas restent inconnus car les victimes n’ont pas la force de le rendre public », raconte la Repubblica.