A Rome, les voitures sans permis ont la côte chez les jeunes. L'an dernier, 3000 modèles ont été vendus en Italie, dont 1000 à Rome. Voitures sans permis ? Pas vraiment, car en Italie il faut possèder le "patentino" (le petit permis) pour avoir le droit de conduire ces mini-voitures. La spécificité de ces engins : ils sont tous de fabrication française, ou presque, et ils coûtent cher. Alors, la "voiturette" made in France va-t-elle remplacer la légendaire Vespa ?
Chaque matin Teodoro Mancini se rend à son lycée, à Rome, dans le quartier aisé de Parioli en voiturette. "Mes parents trouvaient que le scooter était trop dangereux. Quand j'ai eu 14 ans je me suis inscrit au petit permis, et mes parents m'ont acheté mon véhicule", déclare-t-il. Sa voiture d'occasion lui a coûté 8000 euros. A 15 ans, Teodoro fait partie de cette jeunesse dorée qui sillonne les routes romaines. " Avec ma voiturette je vais faire des courses, je sors avec mes amis, et puis je peux emmener ma grand-mère où elle veut", se réjouit-il.
Dans le quartier de Parioli on trouve ces véhicules à tous les carrefours. Ici, 90 % des conducteurs de voiturette sont des mineurs citadins. En France, le profil des conducteurs diffère, " ce sont les seniors de plus de 55 ans dans les zones rurales qui sont les principaux utilisateurs ", affirme Alain Jung, le secrétaire général d'Equal, l'association européenne des quadricycles.
Dès 14 ans il est possible de passer un petit permis, le "patentino". Les adolescents doivent suivre une formation théorique de 12 heures et réussir un court examen pratique sur la voiturette de leur choix. En 2015, " 3000 voiturettes ont été vendues en Italie, d'après Alain Jung, sur un total de 20 000 en Europe". Ces véhicules ne sont immatriculés que depuis une dizaine d'années, il est donc difficile de savoir leur nombre exact en circulation. Selon Alain Jung, il y en aurait 70 000 en Italie.
La France, leader européen de la voiturette
Chez Area 01, un concessionnaire à Rome, tous les modèles sont de fabrication française. " Les prix sont très variables. Cela va de de 9000 à 16 000 euros", affirme Roberto Viglione qui gère la partie commerciale. La voiturette a beaucoup de succès auprès des jeunes italiens. D'après Roberto Viglione ce succès " est dû au fait que les transports publics à Rome ne fonctionnent pas très bien. Avec la voiturette, les temps de trajets sont réduits et le jeune devient autonome".
7 constructeurs français (Aixam, Bellier, Châtenet, Dué, Ligier, Microcar, JDM, Renault et Secma), et deux italiens (Casalini et Italcar) se partagent le marché européen de la voiturette. Et le leadership français se fait sentir, puisque Aixam et Ligier représentent 85% des ventes en Europe.
En théorie, la vitesse de ces véhicules est limitée à 45km/h. Mais dans les faits, il arrive de voir ces voiturettes foncer dans les rues de Rome. Comme les scooters, les mini-voitures sont débridables. Une aubaine pour ces jeunes italiens qui se prennent parfois pour les rois de la route. C'est à se demander ce qui pourra les empêcher d'appuyer sur le champignon.