Une litanie de 842 noms, autant de victimes assassinées par la mafia.
Réunies devant le Pape dans l'église Saint Grégoire, en face du Vatican, les familles égrènent la liste patronyme après patronyme.
Les deux derniers sont ceux de Nicola et Domenico, trois ans tous les deux, assassinés en janvier et en mars de cette année.
La mafia ne s'en prend jamais aux enfants soit-disant.
Au total, dans la sanglante énumération, 80 mineurs sont cités.
Des prêtres aussi comme Don Giusepe Puglisi assassiné le jour de son anniversaire à Palerme le 15 septembre 1993.
Son tort ? Critiquer la pieuvre dans ses prêches.
Il n'est pas le seul exemple de curé impliqué au quotidien à lutter contre les mafias.
Qu'elle s'appellent N'drangheta calabraise, Sacra Corona Unita pugliese, Camorra napolitaine ou mafia sicilienne chaque organisation criminelle en Italie voit très souvent se dresser un religieux sur son chemin.
C'est d'ailleurs Don Luigi Ciotti, prêtre et fondateur de Libera, une association anti-mafia qui a organisé cette veillée de prière.
En Calabre, Don Luigi Ciotti connait les intimidations. Avec des jeunes, il occupe les biens saisis à la N'drangheta qu'il transforme en maison d'accueil et en centre sociaux.
A chaque fois les menaces pleuvent. Au téléphone, avec des incendies criminels et parfois plus violemment encore.
L'épiscopat italien menace pourtant d'excommunication boss et hommes de mains. C'est le cas dans la Naples populaire.
A San Borromeo le Breccie, Don Luigi Merola refuse de donner la communion aux hommes de mauvaise vie.
La réponse de la camorra ? Don Luigi vit sous escorte 24h sur 24. en permanence sous la protection de deux molosses de la direction anti-mafia italienne.
Un double sacerdoce.
Les mafieux n'aiment pas les leçons de morale.
Et c'est d'autant plus paradoxal qu'on a beau embrasser la "malavita" comme on dit en Italie on en est pas moins souvent une grenouille de bénitier.
Toujours en Calabre, la n'drangheta, puissance mondiale du trafic de cocaïne, se place par exemple sous la protection de Saint Michel rien de moins.
Tous les ans en septembre au sanctuaire de la Vierge de Polsi dans un syncrétisme mélangeant cérémonie catholique et rite sabbatique les "capi" de toute les familles du monde entier, se retrouvent à la nuit tombée pour prier et accessoirement régler leurs différents et établir leurs stratégies criminelles.