Tous les ans, à l’automne, l’Inde brille de mille feux : les façades des maisons et des temples s’ornent de guirlandes lumineuses, des lampions sont accrochés aux arbres, les pétards et feux d’artifices éclairent la nuit sans lune et les Indiens placent partout dans leurs maisons des centaines de diyas, ces petites lampes à huile sculptées en terre cuite.
Egalement appelée Deepavali (du sanscrit « deep » qui signifie lampe, et « vali », rangée), Diwali est le festival des lumières. C’est une fête hindoue majeure, célébrée par plus de 800 millions de personnes.
En plus d’allumer des lanternes, les Indiens tirent aussi des pétards et feux d’artifice, s’offrent des présents et préparent des plateaux pour les pujas, des cérémonies religieuses en l’honneur des dieux Lakshmi et Ganesh.
Afin d’accueillir comme il se doit la déesse Lakshmi, les familles nettoient aussi leurs maisons de fond en comble, les repeignent et dessinent des motifs appelés rangolis sur le pas de leurs portes.
La légende du festival des lumières
A l’origine, Diwali célèbre le retour du dieu-roi Rama dans son royaume d’Ayodhya après 14 années d’exil. Afin d’exprimer leur joie de le voir rentrer victorieux et d’éclairer son chemin, ses sujets illuminaient les rues où il passait.
Ses aventures sont racontées dans le Ramayana, l’une des deux grandes épopées mythologiques de la littérature sanscrite, écrite il y a près de 2000 ans.
Condamné à l’errance par son père (le roi Dasharat), Rama parcourt les forêts et villages d’Inde avec son frère Lakshmana et sa femme Sita jusqu’au jour où celle-ci est enlevée par Ravana, le démon à dix têtes règnant sur le pays de Lanka.
Rama se lance à son secours, aidé par Lakshmana et le roi-singe Hanuman. Au terme d’une bataille épique, dont la reconstitution est célébrée lors du festival Dussehra, Rama l’emporte sur Ravana. Sa victoire symbolise celle du bien sur le mal, de la lumière sur les ténèbres.
Vingt jour après la mort de Ravana, Rama rentre dans son royaume d'Ayodhya en liesse.
Cinq jours de festivités
Célébré cette année le 19 octobre, le festival dure en fait plusieurs jours, généralement cinq, qui revêtent chacun une signification différente.
La première journée est celle de Dhanteras, dédiée à Lakshmi, la déesse de la richesse et de l’abondance. Pour attirer la chance, les Indiens achètent des objets en or et argent, ainsi que des ustensiles en métal.
Le second jour, tout le monde nettoie sa maison pour Narak Chaturdashi, qui célèbre la défaite du démon de la saleté Narakasura. On appelle aussi Narak Chaturdashi « Choti Diwali », le petit Diwali, puisque c’est ce jour-là que les Indiens commencent à décorer leurs maisons en vue de la grande fête du lendemain.
Badi Diwali, la troisième journée, est considérée comme la plus importante. Elle est dévolue aux célébrations religieuses, les pujas, en l’honneur de Lakshmi et Ganesh, le dieu à tête d’éléphant. C’est aussi le jour où les Indiens partagent un repas en famille et s’échangent des cadeaux.
Le lendemain de Diwali est appelé Govardhan, du nom de la montagne que le dieu Krishna souleva afin de sauver son village. Pour l’occasion, les Hindus réalisent des sculptures en bouse de vache à l’effigie de Govardhan.
Le cinquième et dernier jour de Diwali est celui de Bhaidooj, dédié à l’amour entre frères et soeurs. Les frères rendent visite à leurs sœurs et leurs offrent des sucreries, et ces dernières leur dessinent un tilak sur le front afin de leur apporter bonheur et prospérité.
Des retombées économiques majeures
Diwali est souvent comparé à Noël en occident. Et pour cause ! La fête des lumières est aussi l’occasion de se retrouver en famille… et d’échanger de nombreux cadeaux, chocolats et autres sucreries.
Au point que certains dénoncent une dérive commerciale de cette fête censée être avant tout une célébration religieuse (et oui, tout comme Noël !).
Les retombées économiques sont alors très importantes… à la (dé)mesure du géant d’Asie du sud :
150 milliards de roupies, soit près de 2 milliards d’euros, ont été dépensés la semaine précédant Diwali en divers achats liés à cette fête.
Un impact environnemental désastreux
Cette année, la Cour Suprême a interdit la vente de pétards et feux d'artifices à Delhi: ces incontournables de Diwali génèrent une forte pollution atmosphérique, qui atteint alors chaque année un niveau critique après la fête.
De nombreux Delhiites ont cependant réussi à se procurer des pétards dans les états voisins ou ont utilisé leurs stocks des années passées. Résultat : l’Indice de Qualité de l’Air était de 319, classé en catégorie « médiocre ».
Delhi: Morning visuals of India Gate #smog pic.twitter.com/6mPrCZJJzM
— ANI (@ANI) 20 octobre 2017
Le soir de Diwali, les taux de PM10 et PM2.5, des nano-particules pouvant pénétrer dans le sang et responsables de nombreux problèmes respiratoires, ont atteint respectivement 1179µg/m3 et 878µg/m3 d’après le Comité pour le Contrôle de la Pollution de Delhi… soit plus de 10 fois le seuil critique pour la santé. En comparaison, la circulation alternée est décrétée en France dès 80µg/m3.
Pourtant, il s’agissait du Diwali le plus « propre » depuis 2014, alors que 2016 avait été la pire année depuis 17 ans avec un Indice de Qualité de l’Air de 431.
La pollution était responsable de près de 9 millions de décès prématurés en 2015 d’après l’OMS, dont 1,1 million pour l’Inde seule.
Lauren Ricard (St)