Viol : les leçons d'un procès "exemplaire"

C'était un procès pour l'exemple - ce devait être un procès exemplaire. L'affaire de viol qui avait secoué l'Inde en décembre dernier s'est soldée par un satisfecit général. "Exemplaires", les médias indiens ont pour une fois respecté l'anonymat de la victime ; la police a présenté un dossier d'accusation solide ; et la justice délivré une sentence rapide et lourde, en accord avec la frange la plus radicale d'une opinion publique chauffée à blanc : la peine de mort.

"Justice est faite"

"Justice est faite" entendait-on à la sortie du tribunal où était jugé ce premier "fast-track trial" (procès rapide). Quatre hommes venaient d'être condamnés à la pendaison - sentence extrême, très rare en Inde. De quoi oublier un instant que le principal accusé, retrouvé pendu dans sa cellule, ne sera  jamais jugé. Que celui décrit par le seul témoin comme "le plus sadique", 17 ans au moment des faits, sortira dans 3 ans d'un centre de redressement.

Alors que quatre hommes étaient livrés aux bourreaux, des dizaines d'autres échappaient à la justice. Les viols en réunion de fillettes de basses castes, de touristes étrangères, d'une photographe de Bombay, continuent d'alimenter les rubriques faits divers. 1 098 plaintes pour viol ont été enregistrées à Delhi sur les 8 premiers mois de l'année - le double de l'an passé... mais le signal, aussi, que les Indiennes se révoltent. Que la police n'étouffe pas les affaires.

C'est un timide espoir, qui pourrait vite retomber si la justice ne suit pas. L'an dernier parmi 635 affaires de viol enregistrées à Delhi, une seule avait donné lieu à une condamnation. Pour 2013 le "score" des autorités est désormais identique. Ce premier procès a montré l'exemple : l'Inde sait que son système politico-judiciaire fonctionne. Le procès "exemplaire" sera le prochain. Celui qui sans médias et sans manifestations aboutira lui aussi à une condamnation.

 

Publié par Pierre Monégier / Catégories : Non classé