Une vidéo tournée au Cachemire, au nord de l'Inde et publiée vendredi 14 avril, est devenue virale en quelques heure. On y voit un homme de 26 ans, attaché à l'avant d'une jeep de l'armée indienne, utilisé comme bouclier humain alors que le convoi traverse une zone sensible.
Ce jeune Cachemiri se souviendra de cette journée. Alors qu'il dit s'être rendu, à moto, dans un autre village à l'occasion de la mort d'un membre de sa famille, Farooq Dar, 26 ans, tombe sur une femme qui jette des pierres sur les forces de sécurité indiennes : c'est jour d'élection. Il s'arrête. Une des jeeps déboule. "Ça a été une grosse erreur, regrette-t-il, ils m'ont frappé, m'ont attaché à l'avant de la jeep, et m'ont exhibé à travers neuf villages, explique-t-il à l'Indian Express. Sur la route, les soldats criaient : "Venez jeter des pierres sur l'un des vôtres."
Le caillassage de l'armée indienne par les habitants est chose courante dans la région qui est particulièrement sujette aux affrontements. Pour pallier à ce problème, les militaires de l'unité "53 Rashtriya Rifles" ont décidé ce jour-là de protéger le convoi à l'aide d'un bouclier humain. Une solution légitime, selon l'armée : "C'était une question de vie ou de mort" ont affirmé des officiels. Elle ajoute d'ailleurs n'avoir utilisé le jeune Cachemiri que durant une centaine de mètres.
L'information a rapidement fait le tour du pays. Au passage de la jeep, un habitant vole quelques secondes de la scène avec son téléphone portable. La vidéo est mise en ligne et tourne sur les réseaux sociaux. L'humiliation d'un homme devient l'indignation d'une région. La colère monte.
Ce jeune homme a été ATTACHÉ à l'avant d'une jeep de l'armée pour s'assurer qu'aucune pierre ne soit lancée sur la jeep ? C'est tellement choquant !!!! -- @abdullah_omar
La ministre en chef du Jammu-et-Cachemire a demandé un rapport à la police. L'armée a quant à elle promis une enquête.
La situation dans le Cachemire s'est tendue ces dernières semaines, plusieurs couvre-feu y ont été décrétés. Les affrontements entre habitants et forces de sécurité ont fait près de 30 morts depuis le début de l'année, les deux parties s'accusant tour à tour de violences. Après 70 ans, la région constitue toujours le cœur du conflit entre l'Inde et le Pakistan voisin.
Valentin Guinel (St.)