"India on Bullet" ou “un voyage musical sur la route de la soie”… C’est le projet de ces deux vendéens, Mathieu et Sylvain. Les deux jeunes hommes se lanceront en janvier dans un périple de 20 000 kilomètres et traverseront 15 pays différents à dos des mythiques Royal Enfields, les motos indiennes vieilles de plus de 100 ans.
Après l'Inde... Le Népal, le Tibet, en passant par l’Iran ou la Serbie. Au total, la liste comptabilise quinze pays différents pour rejoindre la France.
150 jours de voyage, plus de 20 000 kilomètres de route, c’est dans ce périple que se lancent Mathieu et Sylvain. Dans chaque pays, un objectif : se rendre dans un orphelinat pour enregistrer un morceau traditionnel chanté par les enfants, parfois accompagnés d’artistes locaux volontaires, avec pour but final de réaliser un album musical.
Pour le moment, les paysages auxquels se confrontent les deux jeunes hommes sont faits de révisions mécaniques… Si leur moral doit être d’acier, leurs motos doivent aussi tenir la distance. Mais surtout, ce projet de grande envergure se résume avant tout à de la paperasse et à des visites quotidiennes sur le site du ministère des affaires étrangères. Derrière l’excitation du voyage, il y a l’inquiétude des bouleversements géopolitiques :
« Il va falloir se tenir informés, très informés. Surtout après les évènements qui se sont passés depuis novembre… Déjà en élaborant notre itinéraire, il a fallu faire attention. Par exemple, impossible d’envisager de traverser le Pakistan où les relations avec l’Inde sont très tendues…On ne pourrait pas entrer sur le territoire pakistanais avec nos motos immatriculées indiennes. » explique Mathieu.
Dans l'organisation du voyage, Mathieu souligne l'épine tibétaine.
« Nous sommes obligés de passer par une agence chinoise et de nous faire escorter par une personne habilitée pendant nos 15 jours de séjour. Cela représente un tiers de notre budget. Nous avons lancé une campagne de financement participatif en ligne, et cherchons des sponsors, surtout en Inde... »
Le Tibet suivi du Kirghistan sont le prix de la sécurité de Mathieu et Sylvain, destination inévitable pour éviter d'avoir à traverser des zones de conflits comme l'Afghanistan ou l'Irak.
L'Inde comme point de départ :
Mathieu et Sylvain sont arrivés en Inde il y a un an et demi, sans vraiment savoir à quoi s’attendre et surtout, sans avoir l’intention de s’éterniser. Après un séjour fait de pouce tendu au bord de la route en Amérique du Nord, les deux amis d’enfance décident de repartir à l’aventure :
« Au départ, l’Inde n’était que le point de départ d’un voyage en direction de l’Australie, se souvient Sylvain. Finalement, on a craqué pour ce pays et on y est restés ! »
« On s’est aperçus que c’était bien plus qu’un pays, c’est un continent ! enchaîne Mathieu. Chaque fois qu’on rentrait dans un nouvel état, on rentrait dans un nouveau pays : nouvelle culture, nouvelles têtes, nouvelle nourriture… »
Au bout d'une semaine, le voyage indien prend une autre forme : celle à deux roues. Au-delà des paysages et des rencontres, les deux jeunes gens se découvrent une passion : la moto.
« On est tombés amoureux de l’Inde et de nos motos… s’amuse Mathieu. En fait, c’est surtout une autre façon de voyager. On est plus libres, on est en contact direct avec le monde extérieur. Ca facilite les rencontres inattendues, c’est magique quoi ! »
Ils font revivre une autre passion aussi : celle de la musique. Alors adolescents, ils avaient déjà formé un groupe ensemble, KIWI BADENGA : Mathieu au saxo et Sylvain à la batterie. En Inde, Sylvain « s’accordent avec les cordes », comme il se plaît à le dire, et découvre le sitar.
Pendant un an, Mathieu et Sylvain parcourent l’Inde de long en large à moto. Avec la population, grâce à la musique, le contact est facile. Les notes, les instruments, les chants, sont devenus centraux dans ce projet : « India on bullet : un voyage musical sur la route de la soie ».
« Le but, c’est de s’arrêter dans un orphelinat par pays traversé et d’y enregistrer une musique traditionnelle, chantée par les enfants, explique Mathieu. Avec comme projet final de réaliser un film documentaire qui retracerait notre voyage et de sortir un album dont les bénéfices de vente seront reversés aux structures qui nous auront accueillis. »
L’expérience a déjà commencé la semaine dernière à Bangalore, où ils ont enregistré un chant traditionnel indien avec cinq choristes et quatre musiciens, des enfants venant d’un milieu défavorisé.
Asie-Vendée
En France, ce voyage a déjà un écho, dans la commune d’origine des deux acolytes : Les Herbiers, en Vendée. Depuis là-bas, une classe de CM2 est chargée d’entretenir une correspondance avec les deux routards tout au long du périple. Mathieu est d’autant plus ravi que cette école primaire a été la sienne :
« C’est génial de pouvoir être en correspondance avec eux. A travers internet, on va pouvoir les sensibiliser à différentes cultures, différentes géographies, etc.. Ils seront aussi chargés de chercher des informations sur les pays dans lesquels nous débarquerons. On s’est fixé pour objectif de rentrer avant la fin de l’année scolaire pour pouvoir les rencontrer et finir l’aventure avec ces élèves. »
En attendant le départ s'approche : c'est pour janvier depuis New Delhi, la capitale.
Amanda Jacquel (St.)
NB : Pour aller visiter leur site, c'est par ici.