Transsexuelle... et principale de collège

A la rentrée prochaine, dans un collège pour filles de l'état du Bengale Occidental, Manabi Bandyopadhyay prendra ses nouvelles fonctions de principale. Rien d'étonnant à priori, sauf qu'elle deviendra aussi la première principale transsexuelle dans le pays.

"Il m'a fallu beaucoup de courage. Cela a été très compliqué d'être acceptée comme transsexuelle dans le milieu professionnel" a déclaré Manobi Bandyopadhyay, 51 ans, à la presse. Mais aujourd'hui, celle qui s'est battue pour ses droits est récompensée, par l'opportunité qui lui est offerte évidemment, mais aussi par tout le soutien reçu de ses futurs étudiantes et collègues.

Mais son combat fut long. En 2006, Manobi décide de changer de sexe et de nom. Les autorités ont alors refusé de reconnaître ces changements. Une augmentation de salaire lui a même été refusée. Au travail comme à la maison, la vie de Manobi se révèle difficile. "Il y avait des railleries au travail sur mon changement de sexe. Mes parents et frères et soeurs étaient également très inquiets de savoir si mon corps serait en mesure de faire face au changement ".  Il aura fallu cinq ans et un nouveau gouvernement au Bengale Occidental pour que le statut de Manobi soit officiellement reconnu.

Les Hijras, des vies à part

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En Inde, les personnes transgenres sont appelées Hijras, et sont regroupées dans une caste du même nom. Ces Hijras sont parfois des hermaphrodites, ou encore des eunuques (des hommes castrés). Bien que la tradition hindoue reconnaisse leur existence, les Hijras sont bien souvent condamnées à la prostitution et à la pauvreté. Elles sont considérées avec respect et méfiance par le reste de la population. Respect car, pour les Hindous, leur castration leur confère le pouvoir de la fertilité : il n'est donc pas rare que des Hijras soient embauchées pour se rendre à des mariages, pour assurer la fertilité du couple. Mais d'après les croyances, les Hijras sont également capables de jeter le mauvais oeil, en frappant dans leurs mains, d'où une certaine méfiance à leur égard.

Ce n'est que depuis 2009 que les Hijras sont officiellement reconnues comme des personnes n'étant ni de sexe masculin, ni de sexe féminin, mais comme un "troisième genre". C'est aussi depuis cette date qu'ont été installés des quotas d'embauches d'Hijras, notamment dans l'éducation.

Aujourd'hui, l'Inde leur accorde davantage de place. En janvier dernier, une femme transgenre a par exemple remporté les élections municipales et est devenue maire d'une ville de Chhattisgarh, l'un des états du centre du pays. Le sud du pays compte aussi sa première présentatrice transgenre de journal télévision.

Cyrielle Granier (St)