"La France se marre en allant mettre notre argent à la banque et qu'avons-nous en retour ? " se demande ce matin Bharat Karnad, un analyste militaire indien, dans le journal indien Business Standard. Le ton est donné. Les spécialistes indiens ne sont pas contents de l’accord scellé hier à Paris entre leur premier ministre Narendra Modi et François Hollande.
Pour les éditorialistes, cette annonce souligne une fois encore l’échec des négociations avec Dassault. Le projet était en effet beaucoup plus ambitieux et prévoyait la vente de 126 appareils dont 108 construits directement en Inde. Mais « New Delhi a, de manière inexplicable, finalement choisi un simple accord « acheteur / vendeur » commente encore le Business Standard.
Un général de l’armée de l’air indienne à la retraite est surpris par la taille de la commande « seulement 36 » alors que l’Inde, pays-continent a des besoins énormes : « ça n’a aucun sens d’avoir une flotte d’avions de chasse si disparate. Nous avons des Sukhoi, des Mig 29, des Mig 27, des Mig 21, des Mirage 2000, des Jaguar et des Tejas. » Il aurait préféré une commande plus importante, au moins 130 appareils, afin de remplacer la plupart des avions vieillissants de l’armée indienne.
Enfin les journaux s’interrogent sur le changement de position de leur premier ministre. Sa politique industrielle est claire depuis sont arrivée au pouvoir il y a un an, il vante le « make in India ». L’assemblage annoncé des Rafale en Inde était son exemple préféré. Nul doute qu’il devra répondre à certaines questions à son retour au pays.
Nicolas Bertrand & Christophe Reyns (St.)
D'après le Business Standard, The Times Of India et The Hindustantimes