Quand Israël a privé Assad de l’arme atomique

Onze ans après les faits, l’Etat hébreu reconnaît avoir détruit le réacteur syrien d’Al Kibar lors d’un raid préparé dans le plus grand secret par son aviation. Des documents déclassifiés montrent que les responsables israéliens pensaient que cette frappe mènerait à un conflit généralisé avec le régime d’Assad. Mais ce dernier n’a pas riposté. 

L’opération baptisée “Orchard” est connue comme celle ayant permis de réduire à néant les ambitions nucléaires de la Syrie. Elle porte aujourd’hui officiellement la signature d’Israël. La censure militaire vient d’autoriser à la publication plusieurs documents relatifs à cette frappe, notamment une vidéo de l’attaque contre le réacteur d’Al Kibar, situé dans la région désertique de Deir Ezzor.

Dans la nuit du 5 au 6 septembre 2007, selon l’armée israélienne, une demi douzaine de chasseurs F-15 et F-16 lâchent plusieurs bombes de 500 kilos sur le site quasiment en état de marche et devant servir à la production de plutonium, nécessaire au développement d’ogives nucléaires. Le bâtiment et plusieurs de ses annexes sont pulvérisés.    

Israël retient son souffle, la plupart de ses responsables étant alors convaincus que le président Bachar al Assad répondrait à ce raid en déclenchant un conflit de grande envergure. Comme le révéleront quelques années plus tard des télégrammes diplomatiques de Wikileaks, Damas se contentera de placer en état d’alerte avancé ses rampes de missiles « Scud » équipé de charges chimiques.

C’est en 2006 que le Mossad – les services secrets israéliens – prennent connaissance du projet nucléaire syrien, alors à un stade embryonnaire. Pendant deux ans, l’Etat hébreu va traquer plusieurs dignitaires syriens, dont des généraux proches du clan Assad. Son travail de renseignement va aboutir à la découverte du réacteur nucléaire d’Al Kibar, construit par des ingénieurs nord-coréens et financé par l’Iran qui y voit un moyen de déplacer ses propres activités nucléaires.

Très rapidement, l’Etat hébreu se tourne vers l’administration Bush pour l’informer des plans syriens et de sa volonté d’y mettre fin par tous les moyens. Washington s’oppose expressément à toute action militaire, estimant que celle-ci embraserait la région. Le cabinet israélien, dirigé par Ehoud Olmert, décide de passer outre les mises en garde de son allié. Il donne quelques mois à l’état-major pour agir et préparer ses troupes à la guerre.

Pour le Dr Ronen Bergman, correspondant militaire du quotidien Yediot Aharonot, ces révélations ne sont pas anodines au moment où les responsables israéliens, Benyamin Netanyahou en tête, s’alarment d’une implantation militaire de l’Iran en Syrie. « Le message d’Israël est sans équivoque. Si les Russes et les Américains n’agissent pas pour contrecarrer les ambitions iraniennes, nous n'hésiterons à frapper pour repousser cette menace ». 

 

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Publié par france2middleeast / Catégories : Liban