Le régime syrien met en garde l’Etat hébreu après le bombardement de l’aéroport militaire de Mazzé. D’autres raids menés ces derniers jours porteraient la signature d’Israël.
C’est aux environs de trois heures du matin, mercredi, que de violentes explosions, vraisemblablement une dizaine, ont secoué l’aéroport militaire de Mazzé, au sud-ouest de la capitale syrienne. Des images amateurs, filmées depuis les quartiers résidentiels de Damas, ont montré d’immenses flammes surgir de cette base, connue pour abriter le siège des redoutables services de renseignements de l’armée de l’air syrienne.
Après avoir évoqué un « accident », le régime a accusé l’Etat hébreu d’avoir tiré plusieurs missiles sol-sol depuis les hauteurs du Plateau du Golan, une région annexée à la Syrie en 1981. Un responsable militaire a même qualifié l’attaque de « tentative désespérée de l’ennemi israélien de soutenir les groupes terroristes et de remonter leur moral au plus bas », en référence aux rebelles.
Comme à chaque fois que des frappes lui sont attribuées, les autorités israéliennes optent pour le silence radio. Ou presque. A demi-mots, le ministre de la défense Avigdor Liberman reconnaissait dans l’après-midi que son pays opère « afin d’empêcher le transfert d’armes de destruction massive de la Syrie vers le Hezbollah ».
Si Israël réaffirme fréquemment sa position de neutralité à l’égard du conflit syrien, ses responsables se disent déterminés à empêcher un réarmement qualitatif de l’organisation chiite libanaise, désormais solidement implantées sur le territoire syrien où elle déploierait de 5000 à 7000 combattants en soutien de l’armée d’Assad, notamment dans la province d’Alep.
Mardi, d’autres frappes présumées israéliennes auraient touché au moins trois positions du Hezbollah, dans la localité de Zabadani, proche de la frontière siro-libanaise, qui avait été reprise aux rebelles en 2015. Là aussi, aucun détail n’a filtré sur la nature des cibles visées. Le 29 novembre, selon plusieurs médias arabes, c’est un convoi de missiles du mouvement chiite qui a été bombardé près de l’axe routier reliant Damas à Beyrouth.
Alors qu’Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah, doit prononcer un discours vendredi soir à Beyrouth, ces raids à répétition ravivent le spectre d’un élargissement du conflit syrien à Israël et au Liban, où se trouve, caché dans des infrastructures souterraines, l’arsenal de roquettes et de missiles de l’organisation chiite, estimé à près de 100.000 projectiles.
Dernièrement, l’armée israélienne a déclassifié une carte du Sud-Liban présentant une « banque » de 10.000 cibles identifiées par ses renseignements militaires depuis la guerre de 2006. Derrière chaque point coloré, figureraient des postes de commandements, des rampes de lancements de roquettes ou encore des dépôts d’armes. Tsahal affirme que ces sites seront méthodiquement détruits en cas de nouveau conflit.
Seulement, un récent rapport du contrôleur de l’Etat, Yossef Shapira, est venu quelque peu contrarié les prévisions de l’état-major israélien. Il estime qu’un citoyen sur deux du pays ne dispose pas d’abri adéquat en cas d’attaques de missiles. Un affrontement avec le Hezbollah, où pourrait être tirées chaque jour de 1000 à 1500 roquettes contre les villes israéliennes, « entraînerait un risque inutile pour des vies humaines, et entraver la capacité de Tsahal à mener la guerre comme nécessaire », selon les termes du document.