Le groupe souhaitait rencontrer plusieurs détenus palestiniens incarcérés pour « terrorisme », dont un franco-palestinien. Ses membres étaient sous la menace d’une expulsion du territoire israélien.
Officiellement, il ne s’agit que d’un report. Mais dans les faits, la vingtaine de parlementaires français qui devaient rejoindre ce samedi - 18 novembre - Tel Aviv a fait machine arrière. Dans un communiqué diffusé la veille de leur départ et au terme d'une réunion au Quai d'Orsay, ils expliquent que « la montée des pressions par le gouvernement israélien (…), sa stratégie de la tension, ne permet pas d’assurer la sécurité de la délégation ».
Ces élus français, dont quatre députés de la France Insoumise (Clémentine Autain, Michel Larive, Danièle Obono et Muriel Ressiguier) ainsi que le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent, comptaient se rendre en Israël et en Cisjordanie du 18 au 23 novembre afin d’«alerter sur la situation des près de 6.000 prisonniers politiques palestiniens ». La délégation espérait notamment rencontrer Marwan Barghouthi, ancien chef de la branche armée du Fatah. Celui que certains surnomment le « Mandela palestinien » est présenté comme le principal instigateur de la seconde Intifada. Arrêté par l’armée israélienne en 2002 et jugé coupable d’avoir organisé plusieurs attentats meurtriers, il purge depuis une peine d’emprisonnement à perpétuité.
Les parlementaires cherchaient également à voir l’avocat franco-palestinien Salah Hamouri, placé en détention administrative en Israël depuis le 23 août dernier sans que les autorités ne précisent les motifs de son arrestation – il avait déjà emprisonné de 2005 à 2011 au motif qu'il aurait planifié l'assassinat du grand rabbin d'Israël. « Nous allons refaire des démarches pour demander au gouvernement français d’appuyer une nouvelle demande d’autorisation pour rencontrer Marwan Barghouthi et Salah Hamouri dans leur prison. Comme partout dans le monde, le gouvernement français doit être plus ferme sur son exigence de liberté de circulation de citoyen-ne-s français-e-s en Israël et de liberté des parlementaires de mener leur mission d’information », ajoute le communiqué.
Polémique en France
En début de semaine, le gouvernement israélien avait prévenu que la délégation se verrait refoulée à son arrivée à l’aéroport Ben Gourion de Tel Aviv, au prétexte de ses liens avec le mouvement BDS qui prône un boycott d’Israël. « Nous n’autoriserons pas l’accès au territoire à ceux qui appellent activement à s’en prendre à Israël, en particulier quand ils demandent à rencontrer et à conforter un fieffé meurtrier comme Barghouti, incitant ainsi à soutenir le terrorisme », a indiqué le ministre israélien de la Sécurité publique, Gilad Erdan.
Mercredi, le climat s’était brusquement tendu à l’Assemblée Nationale. A l’occasion des questions au gouvernement, le député UDI-Constructifs des Français de l'étranger, Meyer Habib, avait vivement condamné la visite de parlementaires auprès de prisonniers palestiniens. Pris à partie, les députés “insoumis” et communistes ont immédiatement quitté l’hémicycle. Meyer Habib est considéré comme un proche du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu.
C'est la ministre des Affaires européennes, Nathalie Loiseau, qui a répondu au député franco-israélien. Elle a expliqué que la décision de ne pas recevoir les élus de La France insoumise était une « décision souveraine » de la part d'Israël, une décision que « nous n'approuvons pas ».
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