Ce mardi soir, contre l’Iran, l’équipe nationale syrienne joue bien plus que sa qualification pour la prochaine coupe du monde en Russie qui se déroulera l’été prochain. Car dans un pays ravagé par six ans de guerre, l’enjeu dépasse largement le cadre du sport.
Rarement la Syrie n’a semblé aussi proche de l’union sacrée. Les habitants des territoires tenus par la rébellion, comme ceux vivant dans les zones du régime, et même les Kurdes qui aspirent à l’autonomie, rêvent d'un exploit sportif, qui ferait oublier, momentanément, un conflit qui a fait plus de 330 000 morts depuis mars 2011.
Ironie du sort et du sport, les footballeurs syriens joueront leur qualification contre l’Iran, à Téhéran, dans un pays qui est le plus fidèle allié du régime d’Assad. Les supporters n’ont que fi de cette géopolitique du ballon rond, d’autant que la République islamique a déjà empoché son billet pour le Mondial 2018.
Sur les réseaux sociaux, les internautes s’emballent. « Bachar al-Assad a appelé Khamenei : "Si tu ne nous laisses pas gagner ce match, on prendra ta part en Syrie et on la donnera aux Russes" », écrit Khaled, 20 ans, un opposant au régime vivant à al-Bab. « C'est certain que l'Iran va gagner. Nous sommes capables d'envoyer des missiles, comment pourrions-nous perdre un match ? » lui répond un Iranien.
Les stars ont pourtant fait défection
Sur Twitter, la chanteuse syrienne Rouwaida Attieh y est elle aussi allée de son message d’encouragement, en postant une photo des joueurs syriens et espérant une victoire de son pays. «Demain, Inchallah, la joie viendra frapper aux portes de tous les Syriens. De tout cœur avec vous. »
À une journée de la fin des éliminatoires de la zone Asie, les "Aigles de Damas" ne sont qu'à deux points de la Corée du Sud et de la seconde place directement qualificative pour le Mondial russe. Un parcours qui relève de l'exploit, compte tenu des difficultés qui n'ont cessé de se mettre en travers de la route de la sélection.
D’abord, parce que l’équipe s’est exilée et joue la plupart de ses matchs en Malaisie, comme lors de sa dernière victoire contre le Qatar (3-1), fin août. Ensuite, parce que certains joueurs considèrent qu'endosser le maillot syrien revient à soutenir les violences du régime de Bachar Al-Assad. Parmi eux, l'attaquant Firas al-Khatib (51 sélections) ou encore le buteur du club saoudien d'Al-Ahli, Omar al-Somah. Tous deux ont décidé d’arrêter de jouer pour leur pays.
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