Sur fond de tensions accrues avec l’Iran, Riyad et Washington poussent à une résolution du conflit israélo-palestinien et même israélo-arabe. D’ailleurs, l’idée d’une coalition sunnite où prendrait place l’Etat hébreu pour contrer la République islamique est désormais évoquée sans tabou.
A l’ère de Donald Trump, quelle tournure va prendre la politique américaine au Moyen-Orient? Un mois après l’investiture du président républicain, la question reste ouverte. Mais les observateurs avisés de la région n’imaginent pas de volte-face à même de remettre en cause le désengagement progressif opéré par Barack Obama depuis le retrait des troupes américaines d’Irak.
Peu enclin à imposer la Pax Americana aux Israéliens et aux Palestiniens, sans réelle stratégie en Syrie où Moscou a pris l’ascendant diplomatique et militaire, Donald Trump est apparu, à l’inverse, beaucoup plus déterminé à l’égard de l’Iran. A l’escalade verbale constatée ces dernières semaines, le président américain a joint des actes en imposant de nouvelles sanctions contre Téhéran suite au tir d’essai d’un missile balistique, le 29 janvier.
L’administration Trump assure ne pas vouloir en rester là. A en croire le très sérieux Wall Street Journal, Washington aurait consulté ses alliés arabes en vue de former une coalition sunnite sur le modèle de l’OTAN. Son seul objectif: faire obstacle à la République islamique et à ses ambitions régionales, de la Syrie au Yémen. Contre toute attente, une telle alliance impliquerait le partage de renseignements avec Israël alors que la plupart des pays concernés refusent tout lien avec l’Etat hébreu. Du moins, tant qu’un Etat palestinien ne voit pas le jour en Cisjordanie.
Et si c’était l’occasion rêvée d’un règlement régional? Présentée la première fois en 2002, au plus fort de la seconde Intifada, l’initiative saoudienne refait surface. Depuis Munich où se tenait la 53ème conférence sur la sécurité, Abdel bin Ahmed Al-Jubeir, chef de la diplomatie saoudienne, a laissé entendre qu’une normalisation entre Israël et les pays arabes relevait du possible. En situation d’échec au Yémen où il mène une guerre contre les rebelles Houthis soutenus par l’Iran, le royaume wahhabite n’est pas défavorable à unir de nouvelles forces contre son pire ennemi dans la région.
Un tel projet débarrasserait Israël des deux principales menaces qui pèsent à ses frontières, le Hamas palestinien et le Hezbollah libanais, qui se retrouveraient isolés. Et pourtant, la presse israélienne croit savoir que l’Etat hébreu a manqué une première opportunité en février 2015, à Aqaba. En marge d’un sommet tenu secret réunissant Benyamin Netanyahou, le roi Abdallah II de Jordanie et le président égyptien Al-Sissi, l’ancien secrétaire d’Etat américain John Kerry a proposé le marchandage suivant. Moyennant la reconnaissance d’Israël comme Etat juif par les pays arabes, des négociations de paix reprendraient avec les Palestiniens.
Comprenant le sérieux de la démarche américaine et la nécessité de se résoudre à d’importantes concessions territoriales, Benyamin Netanyahou aurait décliné l’offre. C’est à ce moment précis qu’il a rompu les pourparlers engagés avec l’opposition israélienne en vue d’un remaniement gouvernemental qui devait favoriser le vote d’un accord de paix avec les Palestiniens. En lieu et place d’Itzhak Herzog, chef du parti travailliste, le Premier ministre israélien s’est alors tourné vers le nationaliste Avigdor Lieberman, aujourd’hui ministre de la Défense. Ce dernier prône un échange de territoires avec les Palestiniens dans le cadre d’un accord incluant tous les pays arabes de la région. Reste à savoir si Donald Trump et l’Arabie Saoudite s’en satisferont…