Conforté à la tête du Fatah, le président palestinien aspire à retrouver une légitimité. Mais en interne, sa gestion de plus en plus autoritaire pourrait provoquer l'effet inverse.
A 81 ans, le vieux raïs vient de prendre ses détracteurs à contre-pied. Impassible alors que les spéculations n'ont cessé d'aller bon train sur sa démission, Mahmoud Abbas a habilement préparé sa survie politique et celle des apparatchiks du Fatah, principale composante de l'OLP (Organisation de libération de la Palestine), qu’il dirige depuis 2005.
C’est d’ailleurs dans sa place forte de Ramallah, le 29 novembre, que s’est ouvert le 7ème congrès du mouvement fondé par Yasser Arafat. L’heure n’était pas aux adieux et le rassemblement s’est transformé en plébiscite pour le président palestinien, acclamé par les 1.322 délégués du Fatah arrivés de toute la Cisjordanie.
Très attendu, sept ans après sa dernière convocation, le congrès est l'occasion pour le leadership palestinien de soigner son image, et de faire taire les rumeurs de crise interne sans précèdent. Pour y parvenir, les voix dissidentes du Fatah ont été muselées, à commencer par celles des partisans de Mohamed Dahlan, arrêtés par dizaines quelques jours avant l'ouverture de ces assises du Fatah. L’ancien homme fort de la sécurité palestinienne à Gaza, 55 ans, est pressenti pour succéder à Mahmoud Abbas. Sa proximité avec l’Egypte, les pays du Golfe où il vit en exil et aussi ses liens privilégiés avec certains responsables israéliens, font de lui un sérieux rival pour la vieille-garde palestinienne.
Cette dernière, qui compose en grande partie le comité central et le conseil révolutionnaire de l'organisation, se méfie tout autant de la nouvelle génération de militants du Fatah, bien plus proche de la rue palestinienne. Le congrès du mouvement aura donc surtout permis aux fidèles de Mahmoud Abbas d’accentuer leur emprise.
Le raïs palestinien, que certains en coulisses n’hésiterait plus à qualifier de « dictateur », n’a pas attendu ces élections internes pour accroître ses prérogatives. Début novembre, la cour constitutionnelle palestinienne a acté un décret l'autorisant à révoquer l’immunité parlementaire de membres du Conseil législatif. Le procédé, peu démocratique, vise ses éventuels opposants politiques.
Pour s’éviter des critiques trop acerbes, Mahmoud Abbas a rapidement appelé la faction rivale islamiste du Hamas à participer à de nouvelles élections générales, dont lui-même avait ordonné l’annulation en octobre dernier, redoutant une défaite. Rien n’indique que le Hamas laissera le chef du Fatah imposer son tempo et Israël se prépare à une guerre de succession qui pourrait bien être celle de tous les dangers. « 2017 ne sera pas une année stable pour l’Autorité palestinienne", préviennent les services de renseignements de l'Etat hébreu.