Pour son premier grand rendez-vous international, le président américain n’a commis aucun faux pas diplomatique. Partagés, les commentateurs lui reprochent de n’avoir fait aucune proposition concrète. Voici un tour d'horizon.
La presse mitigée
“Voilà le retour de l’Amérique qui nous manquait”, peut-on lire dans l’éditorial du journal “Israel Hayom”, réputé proche du gouvernement, qui retient surtout la ligne dure adoptée par Donald Trump à l’égard de l’Iran. Sur les autres dossiers, “il reste beaucoup de travail à accomplir”, reconnaît toutefois le quotidien. Moins élogieux, le “Jerusalem Post” résume de façon lapidaire la visite du président américain: “beaucoup de faste et aucun contenu”. Le quotidien israélien en anglais, pourtant conservateur, prédit que son passage n’aura probablement aucun « effet durable » dans la région. « Le président américain a dit tout ce qu’il fallait pour que Benyamin Netanyahou et ses ministres l’applaudissent comme des adolescents pubères à un concert de Justin Bieber », poursuit le journal.
Le Likoud jubile
« C’est une victoire pour tous ceux qui s’opposent à la solution à deux Etats », affirme le ministre des sciences Ofir Akunis. La droite israélienne peut légitimement se réjouir de l’absence de toute référence à un Etat palestinien et à la colonisation. De quoi pardonner à Donald Trump une promesse électorale non tenue : le transfert de l’ambassade américaine de Tel Aviv à Jérusalem, susceptible d’irriter le monde arabe, en particulier l’Arabie Saoudite où venait de se rendre le président des Etats-Unis. Contrairement aux Israéliens, les Palestiniens ne misaient guère sur Donald Trump. Sa visite éclaire à Bethléem, mardi matin, au cours de laquelle il s’est entretenu avec le président Mahmoud Abbas, n’a suscité aucun commentaire des cadres du Fatah. A l’inverse, leurs rivaux islamistes du Hamas, qualifiés de « terroristes » par le nouveau chef de la Maison Blanche, ont bruyamment protesté contre lui dans les rues de Gaza. Début mai, Khaled Mechaal avait pourtant appelé le président américain à « saisir une occasion historique ».
La paix sans plan?
Tout en restant vague sur les moyens à mettre en oeuvre pour y parvenir, Donald Trump n’a cessé de marteler qu’il souhaitait réconcilier Israéliens et Palestiniens. A ses yeux, un éventuel accord de paix s’apparente plutôt à un “deal”. Cette terminologie amuse les commentateurs, lesquels y voient une approche novatrice qui pourrait consister à agir en coulisses sans nécessairement en rendre compte. A ce propos, l’administration américaine a laissé entendre que son émissaire spécial dans la région, Jason Greenblatt, ira à la rencontre des responsables israéliens et palestiniens le mois prochain, avec comme objectif annoncé de relancer les négociations. Parallèlement, Donald Trump semble plaider pour un rapprochement entre Israël et les pays sunnites de la région. Et si la lutte antiterroriste ouvrait la voie à un règlement global?
Des moments forts, malgré tout
Lundi, la photo de Donald Trump se recueillant solennellement au Mur des lamentations a fait le tour du monde. Et pour cause, c’est la première fois qu’un président américain en exercice se rend sur ce lieu saint du Judaïsme dont le statut futur reste un vif sujet de controverse. Lors de sa visite de vingt-huit heures en Israël, Donald Trump a joué sur les symboles en consentant finalement à se rendre au musée Yad Vashem qui retrace l’histoire de l’Holocauste. A l'issue d'une cérémonie écourtée qui a chamboulé le protocole, le mot qu’il a laissé sur une page blanche - “Tellement incroyable, je n’oublierai jamais” - a été raillé sur les réseaux sociaux et jugé maladroit par les responsables du mémorial qui ont estimé que la formule aurait davantage convenu à un “parc d’attraction”. En Israël, certaines voix ont estimé que le séjour du président américain aurait du être moins tourné vers le passé et mettre en avant, par exemple, la "nation startup". Autrement dit, les prouesses technologiques de l’État hébreu au détriment de l'histoire.
Les clichés qui ont marqué sa visite
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