L’attaque contre des soldats israéliens ressemble une fois de plus à un acte isolé. Pourtant, Benyamin Netanyahou s’est empressé de l’attribuer à l’Etat islamique plutôt qu’au Hamas. Comme pour mieux se faire entendre par la communauté internationale.
« Le Hamas, c’est Daech », déclarait en substance le Premier ministre israélien à la tribune des Nations Unies, en septembre 2014. Une comparaison opportune, destinée à faire comprendre le combat de son pays contre le terrorisme. Bête noire de l’Etat hébreu, le mouvement islamiste palestinien continue de souffler sur les braises de l’«Intifada des couteaux» en encourageant les attaques anti-israéliennes, qu’elles visent des civils ou des militaires.
Dimanche, sur les lieux de l’attentat au camion-bélier qui, quelques heures plus tôt, avait entrainé la mort de quatre jeunes soldats et blessé une quinzaine d’autres, Benyamin Netanyahou a surpris ceux qui s’attendaient à un énième réquisitoire contre le Hamas ou l’Autorité palestinienne, régulièrement accusée d’incitation à la violence par les responsables israéliens. Cette fois, le Premier ministre a affirmé sans détour que toutes les indications permettaient de conclure que l’auteur de l’attaque était un disciple de l’Etat islamique.
Si aucune autre précision n’a été donnée, officiellement pour les besoins de l’enquête, le parallèle a clairement été établi avec les attaques de Nice et de Berlin, répondant au même modus operandi. A un moment où son pays semble acculé sur la scène internationale, voire « abandonné » par l’administration Obama comme l’ont déploré plusieurs ministres israélien, Benyamin Netanyahou a cherché à rappeler que le terrorisme, y compris palestinien, n’a, selon lui, qu’un seul et même visage.
Un ancien membre du Hamas
Si l’Etat hébreu a subi des attaques à la voiture-bélier bien avant que les sympathisants du « Califat » ne les reproduisent en Europe, les responsables sécuritaires israéliens évoquent ouvertement une « daechisation » des attaques palestiniennes. Les véhicules deviennent des armes destinées à tuer le plus possible, à l’instar de l’attaque contre un marché de Noël à Berlin, en décembre, revendiqué par l’Etat islamique.
Présenté comme un « loup solitaire », l’homme qui a précipité son camion sur des jeunes recrues de l’armée israélienne serait un ancien membre du Hamas. Il est originaire de Jabel Mukaber, à Jérusalem-Est, un quartier d’où sont originaires près de 50% des auteurs d’attaques anti-israéliennes depuis octobre 2015. D’après une source sécuritaire, ce Palestinien ne disposait pas de compte sur Facebook ou Twitter où certains annoncent parfois leur volonté de perpétrer un attentat. En revanche, il se serait radicalisé sur les réseaux sociaux, en s’abreuvant de vidéos de propagande du Hamas.
Jamais, jusqu’ici, Daech n’a revendiqué d’attaque sur le territoire israélien. Mais selon les forces de sécurité, le risque est bien réél. Ces derniers mois, plusieurs cellules de l’Etat islamique ont été démantelées par les forces de sécurité israéliennes en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. Des citoyens arabes israéliens ont également été arrêtés dans le nord du pays pour des liens supposés avec l’organisation djihadiste, bel et bien présente aux frontières de l’Etat hébreu, dans le Sinaï égyptien et au sud de la Syrie.