Au Royaume-Uni, le nombre de grévistes est à son plus bas niveau en 125 ans. La syndicalisation accuse une forte baisse alors que la situation salariale est en berne et affiche ses plus mauvaises perspectives en période de paix depuis deux siècles.
33 000, c'est le petit nombre de britanniques grévistes en 2017. Ils étaient 154 000 en 2016 et jusqu'à 4,6 millions en 1979. Ce sont les statistiques les plus basses depuis la création des comptes en 1893, lorsque que la reine Victoria occupait encore sur le trône. 634 000 ouvriers étaient alors sortis des mines de charbon pour manifester. Depuis lors, les chiffres ne sont passés sous la barre des 100 000 que six fois.
Pour 2017, cela représente 276 000 journées de travail perdues dans tout le pays. A titre comparatif, la SNCF a elle-seule enregistre en moyenne 240 000 jours de grève par an, soit 2,4 millions ces dix dernières années. Sur l'ensemble de la France, la mobilisation est très difficile à évaluer. Mais d'après une étude allemande de 2015 ne prenant en compte que le secteur privé, le ratio annuel serait de 132 jours de grève pour 1 000 salariés, contre 23 en Grande-Bretagne.
L'Hexagone n'a cependant pas l'apanage du conflit social et, selon les calculs et les conjonctures, le Costa Rica, le Danemark et Israël nous devancent régulièrement.
Au Royaume-Uni, les syndicats s'essoufflent eux aussi à vive allure dans ce contexte d'engagement atone. Ils ne revendiquent aujourd'hui plus que 6 millions d'adhérents, contre 13 millions à la fin des années 1970. La part des travailleurs encartés y est seulement de 24,7% d'après l'OCDE. En France, ils ne sont que 11,2% .
Pourtant, les britanniques n'ont pas encore retrouvé leurs revenus d'avant la crise. Pire, ils connaîtraient la plus mauvaise décennie pour les hausses de salaires depuis 1825, exception faite des deux conflits mondiaux. Les estimations indiquent même que d'ici 2022, les feuilles de paye n'auront toujours pas rattrapé leur niveau de 2007.
Maxence Peigné, avec Loïc de La Mornais