HOMMAGE : Joy Lofthouse, l'une des seules femmes pilotes de Spitfire durant la guerre

Joy Lofthouse dans son Spitfire

France 2 Londres l'avait rencontrée en 2016. Joy Lofthouse, ex-pilote de la Royal Air Force lors de la Seconde Guerre mondiale, s'est éteinte en novembre dernier à l'âge de 94 ans. En cette Journée Internationale des Droits des Femmes, le blog du bureau de Londres revient sur ce destin hors du commun. 

En 2015, Joy Lofthouse rembarquait à bord de son Spitfire, en tant que copilote cette fois-ci. 70 ans après son premier vol, elle arborait encore fièrement son casque. Son pilote lui passera même les commandes pendant le vol. Devant les caméras de la BBC, elle exultait : "C'est fantastique d'être à nouveau à bord du Spitfire. Oh, ça faisait si longtemps ! C'est très dur de décrire ce que je ressens, mais il reproduit assez bien ce que j'ai ressenti à l'époque." 

Lors de la seconde Guerre mondiale, l'armée de l'air britannique a eu recours à des pilotes issus du civil, appelés ATA. Au départ limités aux hommes, les recrutements se sont rapidement étendus aux femmes. Ces pilotes civils remplaçaient les pilotes de l'armée de l'air qui étaient au front, pour transporter du matériel au Royaume-Uni. Basés à White Waltham, dans le comté du Berkshire, ces civils ont piloté des avions de première ligne entre 1940 et 1945, notamment des bombardiers Barracuda, des Spitfires et des Mustang qui pouvaient atteindre jusqu'à 700 km/h.

Joy Lofthouse à 20 ans

Joy Lofthouse à 20 ans

C'est après avoir vu une petite annonce dans un magazine qui encourageait les femmes à apprendre à piloter que Joy a rejoint l'ATA avec sa soeur. Elle passe tous les tests médicaux, sportifs et mathématiques et les réussit haut la main. Elle pilotera donc le légendaire Spitfire, l'équivalent d'un rafale aujourd'hui, provocant au début l'incrédulité de ses confrères masculins. En 2015, elle avait déclaré que devenir un pilote pour aider l'effort de guerre «paraissait être une meilleure idée que de travailler dans une banque».

Mais sa carrière de pilote s’arrête après la guerre, elle devient alors institutrice : « Après six années de guerre, j’étais contente de pouvoir me marier et fonder une famille. De toute façon il n’y avait pas de place pour nous dans les compagnies aériennes. Le pays avait été bien content d’avoir l’aide des femmes mais sitôt la guerre finie, c’était retour en cuisine ! ».

Devenue un véritable symbole de l'émancipation des femmes, les hommages en son honneur se multiplient. En juillet 2016, le court de Wimbledon offrit à Joy une standing ovation, un grand moment d'émotion pour la vétéran et pour le public.

Lors de notre entretien, Joy considérait les ATA girls comme des pionnières : "Nous avons ouvert la voie, même si cela prendra des décennies par la suite avant que l'on confie des missions opérationnelles (de combat) aux femmes pilotes. Si j'avais une chose à dire aux jeunes filles aujourd'hui, ce serait : "il vaut mieux échouer, que regretter". Moi, si je n'avais pas essayé, je l'aurais regretté toute ma vie." 

 

Blanche Vathonne avec Loïc de La Mornais