Le 6 février 1918, celles que l’on traitait parfois de « furies » remportaient leur première victoire, permettant à certaines femmes britanniques d’obtenir le droit de vote. La classe politique, mais aussi les citoyens ont souhaité aujourd’hui rendre hommage aux suffragettes en exposant leurs portraits sur la grande place de Trafalgar Square, où nombres de leurs combats ont été menés.
Le maire de Londres, Sadiq Khan, s’est rendu sur place et a tweeté une photo pour célébrer la mémoire de ces « 59 femmes et hommes incroyables qui ont contribué au droit de vote des femmes».
Today marks 100 years since the first British women won the right to vote. Visit our exhibition in Trafalgar Square today to find out about 59 incredible women and men who all helped to bring about women’s suffrage. #BehindEveryGreatCity https://t.co/axtbzl7gRs pic.twitter.com/YF3ZY9vn9T
— Mayor of London (@MayorofLondon) February 6, 2018
Dans une démarche similaire, Theresa May a tweeté une photo des 200 députées du Parlement britannique, notant au passage qu’ « il y a encore à faire » pour parvenir à l’égalité.
What better way to start today's #Vote100 celebrations than by gathering with all the talented female MPs in Parliament. More must be done, but I'm proud that there are over 200 female MPs - our democracy is stronger as a result. pic.twitter.com/Gy7Y6AJVup
— Theresa May (@theresa_may) February 6, 2018
Sur une note d’humour qui démontre cependant que le combat n’était pas gagné d’avance, le quotidien britannique The Telegraph a ressorti une lettre envoyée au journal par Bertha Brewster en 1913. Cette suffragette y explique que pour mettre fin aux revendications des femmes, il n’y a que deux solutions : leur accorder le droit de vote, ou tuer toutes les femmes du pays.
Two suggested ways of stopping the "Suffragist outrages", from a letter to The Daily Telegraph in 1913:
1. Kill every woman in the United Kingdom.
2. Give women the vote.#Suffragette100 pic.twitter.com/klsi0acWpm— The Telegraph (@Telegraph) February 6, 2018
Pour rappel, le combat des suffragettes ne commence pas en 1918 mais bien un demi-siècle plus tôt. En 1866, les militantes pour le droit des femmes présentent une première pétition au Parlement, dans laquelle elles demandent un droit de vote universel, sans distinction de genre. Elles profitent d’une brèche créée par le projet du Parlement d’étendre le droit de vote aux classes ouvrières. A l’époque, le rôle des femmes se résume à s’occuper du foyer et des enfants, et même lorsqu’elles travaillent, leur salaire est trois fois inférieur à celui d’un homme.
Le mouvement se concrétise en 1903 lorsque Emmeline Pankhurst fonde la Women’s Social and Political Union (WSPU). Les manifestations s’enchaînent, tout comme les actions chocs. Tout cela dans un seul but : attirer l’attention du grand public. Elles remportent leur première victoire le 6 février 1918, avec l’obtention du droit de vote pour les femmes de plus de 30 ans, détentrices d’une qualification ou mariées à un homme inscrit sur les listes électorales locales. Il faudra encore attendre 10 ans pour que le droit de vote soit finalement étendu à tous les hommes et femmes de plus de 21 ans, selon un principe d’égalité totale.
Le mouvement pour le droit de votes des femmes en France fut beaucoup plus long. Il faudra attendre 1944 pour que les femmes françaises obtiennent finalement ce droit civique. Les suffragettes anglaises ont ouvert la voie à leurs homologues françaises, qui, après avoir activement participé à l’effort de guerre, réclameront les mêmes droits que les hommes.
Blanche Vathonne et Marion Russell avec Loïc de la Mornais