Ils gagnent... ou ils démissionnent. Pas de demi-mesure au Royaume-Uni où trois grands noms de la politique ont tour à tour quitté la tête de leurs partis. Outre-Manche, la notion de responsabilité a-t-elle plus de sens pour les hommes politiques ?
Fin de campagne électorale en ce 8 mai 2015. La défaite a été dure à avaler pour les libéraux-démocrates, les travaillistes et le parti eurosceptique UKIP. Leurs leaders respectifs, Nick Clegg, Ed Miliband et Nigel Farage, ont annoncé tour à tour leur démission de la tête de leurs partis.
Petit rappel de l’hécatombe
Nigel Farage avait promis de démissionner s'il ne gagnait pas dans sa circonscription. Ses peurs se sont réalisées. "Je suis un homme de parole", a déclaré l'eurodéputé de 51 ans à l'annonce des résultats.
Le parti UKIP ne possède désormais qu'un seul siège à Westminster, qui n’est pas celui du candidat.
Nick Clegg, ex-leader des Libéraux-Démocrates, a également annoncé sa démission, après la perte de 48 sièges à la Chambre des Communes.
Dernier concerné : le chef de file des travaillistes Ed Miliband, qui s'est dit "vraiment désolé" de la "terrible défaite" de son parti. Le Labour, pourtant en bonne position dans les sondages pré-électoraux, a perdu 24 sièges aux élections.
Grande-Bretagne vs. France : quand la défaite signe l'arrêt d'une carrière
En Grande-Bretagne, après une défaite électorale, les hommes politiques prennent très rapidement leur responsabilité en se désengageant de leur parti. En France, les choses se passent différemment.
Lionel Jospin avait certes joué le jeu en annonçant son retrait de la vie politique après sa défaite à l'élection présidentielle de 2002… Mais qui d'autre que lui...? Sûrement pas Nicolas Sarkozy qui, malgré sa défaite aux dernières présidentielles et ses promesses de retrait de la vie politique, est revenu à la tête de l’UMP.
(Sources : France Soir / Le Monde)
En 2012, malgré son fable score aux élections présidentielles (seulement 11% des voix), Jean-Luc Mélenchon a conservé la direction du parti de gauche. Idem pour Marine le Pen après sa défaite aux élections législatives dans le Pas-de-Calais.
Plus de pragmatisme chez les Britanniques
Alors que dans l’Hexagone la défaite est souvent un passage obligé pour prendre (voire reprendre) le pouvoir, les anglo-saxons sont beaucoup plus pragmatiques. S’il y a échec c’est que le chef de file a fauté, et ce dernier doit dès lors en tirer les conséquences.
Pour les hommes qui ont gouverné, là aussi les choses se passent différemment. John Major s'est ainsi retiré d'une vie politique très active après la défaite des conservateurs aux élections de 1997. Idem pour l'ancien Premier ministre travailliste Tony Blair, qui n'est pas revenu sur le devant de la scène depuis son retrait de la vie politique en 2007.
John Major, ancien Premier ministre, n'est plus un acteur majeur de la politique britannique depuis sa défaite en 1997 (Source : The Telegraph)
Les leaders britanniques tiendront-ils leurs promesses?
Les discours des trois leaders britanniques seront-ils suivis des actes ? La question mérite d'être posée.
Nigel Farage, qui vient de démissionner du leadership du parti UKIP, a dit qu’il allait “réfléchir cet été” à une éventuelle reconduction à la tête du parti...
Affaire à suivre pour le travailliste Ed Miliband et le libéral-démocrate Nick Clegg, qui ont quand même sécurisé leurs places à la Chambre des Communes.
Juliette Perrot et Caroline Chauvet, avec Loïc de La Mornais