Selon la légende, les corbeaux de la Tour de Londres sont les gardiens de la couronne britannique, et si ces derniers venaient à s'enfuir, le royaume s'effondrerait. Privés de leur liberté depuis des siècles, les oiseaux les plus célèbres du Royaume-Uni sont désormais plus libres et l'un d'eux peut même voler au-delà de la forteresse historique de la capitale. Est-ce la fin du royaume ?
Perchés au sommet de la Tour de Londres, les corbeaux font l'objet d'une légende depuis plusieurs siècles. La tradition remonte à un décret du roi Charles II, dont le règne s'est étendu de 1660 à 1685, qui aurait ordonné la captivité de ces six gardiens à plumes dans un souci de protection de la monarchie. La superstition veut que tant que les corbeaux garderont la tour, le royaume britannique perdurera. Depuis, les ailes des oiseaux sont en partie coupées, évitant ainsi qu'ils s'échappent. Cette croyance n'est pas sans rappeler que la Tour de Londres est à elle seule un trésor d'histoires et de mystères, comme le montre ce reportage réalisé par le bureau de France 2 Londres.
Or pour la première fois, les corbeaux, actuellement au nombre de sept, goûtent à la liberté. Leur maître, Chris Skaife, rompt avec la tradition en leur laissant davantage de plumage que ses prédécesseurs. Le "maître corbeau" de la tour, à qui les oiseaux obéissent au doigt et à l’œil, souhaite ainsi leur donner "un peu plus de liberté de mouvement car cela améliore leur état de santé. C'est simplement la garantie qu'ils puissent jouir de leur vie autant que possible", rapporte The Telegraph.
Chris Skaife affirme avoir suffisamment dressée Merlina, le corbeau qu'il laisse voler au-delà de la tour, pour s'assurer qu'elle revienne. Selon lui, cette nouvelle coupe rend également les corbeaux plus agréables à observer pour les visiteurs mais aussi et surtout, elle devrait leur permettre d'échapper plus facilement aux renards qui rôdent en ville une fois la nuit tombée. En 2013, deux des corbeaux de la tour ont été victimes d'un prédateur à poil roux. Une fin alternative à la célèbre fable de La Fontaine...
Des corbeaux plus libres ? La nouvelle n'a pas échappé à la presse britannique. En effet, derrière une telle annonce se cache l'inquiétude d'une population attachée à la légende vieille de plusieurs siècles. Après avoir choisi de voler de ses propres ailes avec le Brexit, le pays pourrait bien voir sa couronne dérobée par un oiseau couleur ébène.
Sophie Chevallereau avec Loïc de La Mornais