Oublié le bordeaux. Le passeport britannique pourrait bien repasser au bleu marine. Après le déclenchement du Brexit le 29 mars dernier, le ministère de l'Intérieur a lancé un appel d'offre pour fabriquer la nouvelle version du document, prévue pour 2019.
Il avait fait son apparition en 1921 avant d'être remplacé par le bordeaux. Presque 100 ans plus tard, le "blue navy" pourrait bien retrouver sa place sur la couverture des passeports britanniques. Du moins, c'est le souhait du parti Tory depuis la victoire du Brexit en juin 2016.
Un appel aussitôt relayé par les médias conservateurs du pays : les journalistes du quotidien The Sun avaient arpenté les rues de Londres avec un passeport géant de 2m de haut.
Pour les Tories, abandonner la couleur bordeaux permettrait au Royaume-Uni de retrouver sa pleine souveraineté; le bleu marine étant une couleur hautement patriotique, symbole de l'Empire britannique. "C'est une question d'identité, martèle le député conservateur Andrew Rosindell. Le passeport rose voulu par l'Europe a été vécu comme une humiliation. Cela nous a fait disparaître dans une grande identité européenne qui ne nous ressemble pas".
Une question financière aussi. Imposé par la Commission européenne en 1988, ce changement de couleur avait couté 1,5 millions de livres aux contribuables britanniques. Une vague de protestation avait alors secoué le pays en réaction au "diktat" de Bruxelles.
£490 millions de budget
Si la couleur du passeport "post-brexit" est encore incertaine, le montant de l'enveloppe, lui, est déjà connu. 490 millions de livres (soit 575 millions d'euros) pour un projet qui englobe "le design, la production et la personnalisation du passeport". Selon un porte-parole du ministère de l'Intérieur, interviewé par The Independent, le processus est lancé dès maintenant afin d'avoir "suffisamment de temps pour créer et produire le nouveau passeport à partir de 2019, lorsque le contrat actuel s'achèvera".
Pour l'instant, c'est l'entreprise britannique De La Rue qui est chargée de produire les passeports biométriques et les billets de banque anglais. Une mission confiée en 2010 pour un contrat de 400 millions de livres (470 millions d'euros) sur 10 ans. Brexit à part, il est donc habituel que les passeports soient refaçonnés, explique le député conservateur, Michael Fabricant. Ils "sont régulièrement mis à jour afin d'éviter la contrefaçon et, après le Brexit, il devra être changé de toute façon pour que l'on enlève les mots Union européenne."
Un concours de design
Suite à l'annonce du ministère de l'Intérieur, les Britanniques se sont lancés dans un concours non-officiels pour imaginer leur nouveau passeport. Vert, rose, bicolore ou recouvert d'inscriptions... Plus de 200 internautes ont rivalisé de créativité et d'humour, typiquement anglais !
Victoria Rouxel avec Matthieu Boisseau