Un immense drapeau français - 16 mètres sur 8 - datant de 1800 et qui n'a pas été déplié depuis plus de 100 ans, sera exposé cette année au musée de Norwich, en Angleterre. Il est à ce jour le plus vieux drapeau national que l'on connaît. Même s'il constitue un patrimoine de l'Histoire française, il est pourtant bien la propriété d'un musée britannique.
Est-il vraiment le plus vieux et a-t-il des équivalents ?
Les premiers drapeaux bleu-blanc-rouge voient le jour à la fin du 18e siècle, la bannière tricolore étant officiellement adoptée par la France pendant la Révolution, en 1794.
A ce titre, le drapeau en question, âgé de 217 ans, est le plus ancien que l’on connaisse dans un état encore intact.
The Mirror indique malgré tout qu’il est marqué par une décoloration due à son âge, au « chaos de la bataille » et à des « traces de poudre à canon ».
Mais selon Ruth Battersby-Tooke, la conservatrice de la collection Costume et Textiles du musée, son état « reste remarquable au vu de son âge et sa fragilité », rapporte The Guardian.
Ce drapeau est d’autant plus symbolique qu’il lui existe peu d’équivalent. En 2015, un village du Doubs - Miserey-Salines - avait dressé un drapeau tricolore datant de 1882, en hommage aux victimes des attentats du 13 novembre (L’Est Républicain). En 2011, La Croix rapportait que le plus vieux drapeau de la Révolution française avait été retrouvé dans le grenier de la mairie de Quintigny, un petit village jurassien. Le pavillon daterait de 1790 et n’était donc pas encore bleu-blanc-rouge, mais seulement rouge et blanc.
Par ailleurs, il existe bien évidemment des drapeaux datant du 20e siècle détenus par des particuliers. Mais quoi qu’il en soit, aucun des vieux drapeaux tricolores connus ne date d’avant 1800, ou alors il ne s’agissait pas encore du drapeau bleu-blanc-rouge…
Pourquoi appartient-il à un musée britannique ?
S’il ne devient le drapeau militaire officiel qu’en 1812, le Généreux, un navire de la marine française, l’arborait déjà en 1800 lors du Blocus de Malte.
Les britanniques, dirigés par Horatio Nelson, dominent la flotte française de Napoléon, qui se voit par la suite contrainte à la capitulation. Le blocus entraîne donc le départ des troupes françaises qui occupaient l’archipel maltais depuis 1798.
A cette époque, le drapeau adverse est l’emblème que les ennemis cherchent à capturer symboliquement lors des batailles.
C’est au cours de celle-ci que l’amiral Nelson, véritable héros britannique, a réussi à dérober le fameux drapeau de 16 mètres sur 8 à ses adversaires français.
« Lord Nelson », principalement connu pour sa victoire décisive en 1805 lors de la Bataille de Trafalgar opposant la Grande-Bretagne à la flotte franco-espagnole, avait ramené le drapeau capturé en 1800 dans la région du Norfolk, d'où il était originaire.
Impressionnant par sa taille, l’enseigne sera exposée en août et septembre 2017 au musée de Norwich, chef-lieu du compté du Norfolk dans l’est de l’Angleterre. Elle constituera ainsi une pièce inédite de l’exposition destinée à célébrer la relation de l’amiral avec sa terre natale.
Marine Clerc avec Loïc De la Mornais