Depuis lundi, Sadiq Khan gère une ville de presque 9 millions d'habitants. Prestation de serment, visites officielles, rencontre de la maire de Paris : le nouveau maire musulman de Londres a passé une première semaine sous le feu des projecteurs.
Une semaine après son élection à la tête de la mairie de Londres, Sadiq Khan est toujours au centre de l'attention. Et ce qui fait le plus de bruit est sans aucun doute qu'il soit le premier musulman élu maire d'une capitale occidentale. Pourtant, le maire l'a répété dès vendredi, lors de son investiture : il veut montrer la diversité de sa ville et "représenter toutes les communautés".
Et pour preuve, samedi 7 mai, c'est dans la cathédrale de Southwark, en plein coeur de Londres, que Sadiq Khan a voulu débuter son mandat. Entouré des représentants de toutes les confessions, il a déclaré être "déterminé à diriger l'administration la plus transparente, la plus engagée et la plus accessible que Londres ait connue et à représenter chaque communauté et chaque partie de notre ville en tant que maire de tous les Londoniens".
Le lendemain, dimanche 8 mai, il a rendu hommage aux millions de juifs tués dans l'Holocauste. Il a été oru comme un héros par la communauté juive après une campagne houleuse, durant laquelle ses opposants ont cherché à le représenter comme un tenant de l'extrémisme islamique. «Je suis vraiment privilégié de rencontrer les survivants des horreurs inimaginables de l'Holocauste, ainsi que leurs enfants, leurs petits-enfants et même leurs grands-petits-enfants», a déclaré Khan après avoir été assailli par des sympathisants.
Lundi, même Donald Trump a eu un mot pour le nouveau maire de Londres. Celui qui représentera le parti républicain lors des prochaines élections américaines a annoncé qu'il ferait "une exception" et autoriserait Sadiq Khan à se rendre aux Etats-Unis. Le milliardaire américain prévoit, en effet, dans son programme d'interdire aux musulmans, au moins temporairement, d'entrer sur le territoire américain. Un moyen selon lui de lutter contre le terrorisme, après les attentats de Paris et une fusillade sanglante en Californie. Sadiq Khan lui a répondu qu'il serait "ridicule" que lui seul bénéficie d'une exception, avant de rapeller les récentes affaires de musulmans britanniques refoulés à l'entrée aux Etats-Unis : "Il y a des hommes d’affaires ici qui aimeraient faire des affaires aux États-Unis et qui se trouvent être musulmans. Il y a de jeunes gens ici qui aimeraient étudier aux États-Unis et qui se trouvent être musulmans". En décembre dernier, 20 familles s'étaient, effectivement, faites arrêter par les autorités frontalières.
Le nouveau maire a réservé sa première rencontre officielle à Anne Hidalgo, maire de Paris. Mercredi, les deux élus se sont entretenus pour renforcer la collaboration entre les deux villes, notamment sur les questions du réchauffement climatique et la lutte contre la précarité.
Huge honour to welcome @Anne_Hidalgo. We share an ambitious vision for how our great cities can work together pic.twitter.com/G2fOGRuS9q
— Mayor of London (@MayorofLondon) May 11, 2016
Une première rencontre hautement symbolique pour Sadiq Khan qui a un lien privilégié avec la France. Quelques jours après son élection, il nous a accordé une interview exclusive dans laquelle il a tenu à souligner les défis communs qui lient les deux capitale. "J'ai été ravi que le premier coup de fil que je reçoive soit celui de la maire de Paris, Anne Hidalgo. Je l'ai rencontrée hier, ma première invitée officielle. Nous avons vu comment nous pouvions travailler ensemble en tant que maires de deux grandes cités", a-t-il expliqué.
Sadiq Khan en a profité pour rappeler ses priorités. Il compte faire campagne pour que le Royaume-Uni reste dans l'Union Européenne et s'oppose à son prédécesseur Boris Johnson, favorable au à une sortie de l'Union. Selon lui, "l'Europe apporte d'énormes avantages à ma ville et je ferai campagne de toutes mes forces contre le Brexit". Il s'est aussi engagé à réduire le coût des des transports et des loyers, qui atteingnent des records dans la capitale britannique.
Charlotte Onfroy-Barrier, avec Loïc de La Mornais