Les policiers britanniques doivent-ils être armés pour faire face au risque d'attentats ? Une enquête d’opinion réalisée auprès de 11 000 officiers de la Metropolitan Police Service (la 'MET') - responsable du Grand Londres - révèle que 43,6% d'entre eux, soit presque la moitié des interrogés, estiment qu’ils devraient y avoir plus de personnel spécialisé dans l'utilisation des armes à feu et 75% pensent que tous devraient au minimum être équipés d'un « Taser ».
« Nous vivons dans une société imprévisible et dangereuse, et il est donc plus nécessaire que jamais que les policiers aient un équipement adéquat pour se protéger, protéger leurs collègues ainsi que la population. Si vous prenez en exemple le 'camion fou' de Nice, nos policiers n’auraient pas pu réagir comme la police française l’a fait », a déclaré Ken Marsh, le porte parole de la MET, au journal britannique The Guardian.
Alors que 600 postes de policiers avait été créés après les attentats de Paris de novembre 2015, les résultats de ce sondage posent la question d'un doublement des effectifs d'officiers spécifiquement entraînés à l'usage des armes à feu selon Ken Marsh.
Pour lui, il ne s'agit pas de demander un armement obligatoire pour tous les officiers de police, mais d'avoir davantage de personnel formé pour utiliser des armes à feu.
« Nous devons dépasser les critères stricts du port des armes à feu qui sont encore, au Royaume-Uni, les plus contraignants du monde », assure-t-il. En effet, depuis la création du service de police urbaine du Grand Londres en 1829, les patrouilles des forces de l'ordre britanniques - excepté celles d'Irlande du Nord - n'étaient pas autorisées à posséder des armes de poing, ce qui tend de plus en plus à s'inverser.
En ce qui concerne le port de l'arme systématique pour tous les officiers, 26% des sondés pensent que cela serait nécessaire, alors qu'ils n'étaient que 20% à le souhaiter d'après un sondage réalisé en 2016, rapporte The Guardian.
Par ailleurs, ce sondage fait ressurgir le débat de l'usage du « Taser », ces pistolets paralysants utilisés pour neutraliser les personnes par des décharges électriques mais qui sont pourtant à l'origine de décès.
Si 75% des personnes questionnées voudraient que chaque policier soit équipé d'une de ces armes, ce n'est pas l'avis de certaines Organisations Non-Gouvernementales, qui voient en leur usage des dérives potentielles. Amnesty International avait déjà publié un rapport - « Moins létal ? » - en 2008, sur les dangers de leur utilisation, plus en termes de dérives policières que d'homicides involontaires, et plus récemment, l'ACAT - Action des Chrétiens pour l'abolition de la torture - dénonce l'utilisation de certaines armes comme celles-ci.
Mais Ken Marsh rappelle que tous les décès – au moins dix en Angleterre et au Pays de Galles ces dix dernières années - liés à l'utilisation d'un « Taser » sont dus à des problèmes de santé des personnes concernées, et non pas à un usage excessif de la violence.
La question est maintenant de savoir si les résultats de ce sondage d'opinion seront pris en compte et donneront lieu à des mesures concrètes.
Marine Clerc avec Alban Mikoczy