L'association britannique des constructeurs et des distributeurs automobiles (SMMT) vient de publier, dans un communiqué de presse, les chiffres sectoriels du Royaume-Uni. Avec une production de voitures en augmentation de 8,5% par rapport à l'année précédente, les constructeurs de voitures britanniques réalisent leur meilleure année depuis 17 ans. De quoi encore plus regretter et craindre la sortie du marché unique européen annoncée par Theresa May.
Plus de 1,7 million de véhicules produits par 15 fabricants au Royaume-Uni, dont 1,35 million exportés à travers le monde, l'année 2016 a été une réussite pour le secteur automobile britannique.
Mike Hawes, directeur général de la SMMT, a justifié cette croissance comme une preuve « de la compétitivité globale de l'industrie automobile britannique ». Il explique « qu'une ingénierie de premier plan, des technologies de pointe et une main d'oeuvre de qualité ont contribué à faire revivre l'industrie, faisant du Royaume-Uni l'un des pays parmi les plus productifs en Europe en matière de fabrication de voitures. »
Avec 56% des exportations à destination de l'Union Européenne - et une demande française en hausse de 47,2% -, la SMMT explique que le marché européen a été le principal moteur de cette croissance. Cette part importante de la demande européenne vers le marché automobile britannique est due, selon l'association, à « la poursuite de la reprise de la croissance économique à travers l'Europe. » Qui plus est, les relations commerciales britanno-européennes sont d'autant plus importantes que l'Europe fournit 65% des composants entrant dans les véhicules fabriqués au Royaume-Uni.
Mais la satisfaction de cette croissance vient nécessairement se heurter aux inquiétudes liées au Brexit. Pour la SMMT, ces chiffres soulignent « l'importance critique du libre-échange et de l'absence de barrières tarifaires pour l'avenir de la production automobile britannique. »
La demande intérieure pour les voitures fabriquées au Royaume-Uni a beau également avoir augmenté (+2,4%), cela n'est pas suffisant pour rassurer les entreprises du secteur. Pour elles, perdre l'accès privilégié à un marché de 450 millions d'habitants résonne comme un manque à gagner, puisque la mise en place de tarifs douaniers aurait un impact négatif sur leur attractivité.
Pour ces raisons, et parce que « la France et le Royaume-Uni exportent des voitures d'un pays à l'autre, il est essentiel de maintenir un libre-échange pour le bien des consommateurs et de l'industrie des deux pays », déclare Mike Hawes.
Si Theresa May a déclaré le 17 janvier qu'elle souhaitait la sortie du marché unique européen, tout en négociant avec Bruxelles un « accès le plus grand possible » par un accord de libre-échange « global, audacieux et ambitieux », il reste à savoir si l'Union Européenne sera disposée à répondre à ces attentes. En effet, le négociateur européen, Michel Barnier, n'entend pas permettre au Royaume-Uni d'établir un Brexit « à la carte ».
Enfin, il faut également préciser que les États-Unis, en important 14,5% des voitures produites au Royaume-Uni, constituent la deuxième principale destination des exportations britanniques. Autrement dit, les bons résultats de l'année 2016 reposent sur plus de 70% de la production allant vers deux partenaires commerciaux dont les barrières douanières devraient être plus lourdes à l'avenir : l'Union Européenne et son marché unique que le Royaume-Uni va quitter, ainsi que les États-Unis de Donald Trump, qui souhaite fortement rétablir certaines d'entre elles.
Marine Clerc avec Loïc De la Mornais