Entre incertitude et désaccords : la rentrée mouvementée de Theresa May

Le Premier ministre, Theresa May, reçoit aujourd'hui l'ensemble du gouvernement dans sa résidence de campagne. Elle doit établir un plan d'action précisant le calendrier et les modalités du Brexit.

Si en France la rentrée politique est particulièrement mouvementée, elle s'annonce tout aussi agitée de l'autre côté de la Manche. Ce mercredi, le Premier ministre britannique, Theresa May, reçoit l'ensemble des ministres dans sa résidence de campagne à Chequers (Buckinghamshire).

Au programme : le Brexit et ses modalités. Theresa May a demandé à son cabinet d'apporter des propositions concrètes sur la meilleure façon de gérer la sortie du Royaume-Uni de l'Union Européenne. Un véritable casse-tête pour la chef du gouvernement qui fait face à de nombreuses tensions.

  • Un gouvernement divisé

Il y avait ceux qui voulaient quitter l'Union et ceux qui préféraient y rester. Il y a désormais ceux qui défendent un Brexit "light" et ceux qui attendent un virage radical.

Leur principal point de tension : la libre circulation des biens et des personnes. Selon les textes de l'Union Européenne, la liberté des biens, des capitaux, des personnes et des services sont des principes indissociables. Il est donc impossible d'autoriser la libre circulation des marchandises et de demander un visa aux membres de l'UE qui souhaitent rejoindre le pays. Certains membres du cabinet prendraient pourtant bien ces principes à la carte.

Les partisans du Brexit "light" souhaitent rester dans le marché unique européen sur un modèle proche de celui de la Norvège. À la tête de ce groupe : Philip Hammond, Ministre chargé des finances et du Trésor, appelé en Grande-Bretagne, Chancelier de l'échiquier. C'est aussi la position défendue par le patronat et les entreprises de la City.

En face, les personnalités qui avaient fait activement campagne pour le Brexit donnent de la voix. Après un été particulièrement silencieux, l'ancien maire de Londres, Boris Johnson refuse par exemple de conserver la circulation des personnes, craignant une arrivée massive de migrants. Même attitude pour David Davis, Secrétaire d'État à la Sortie de l'Union européenne et de Liam Fox, Secrétaire d'État au commerce international.

Les deux groupes s'opposent sur le statut que doit avoir la Grande-Bretagne vis-à-vis de l'Union Européenne mais aussi sur le calendrier. Lors de son élection, la première ministre Theresa May avait martelé "Le Brexit veut dire le Brexit", expliquant qu'il n'y aurait pas de second référendum et que le pays quitterait effectivement l'UE. Elle a aussi fait savoir qu'elle ne déclencherait pas l'article 50 - qui évoque la possibilité pour un Etat membre de se retirer de l'Union Européenne - avant le début de l'année 2017. Cet été, des fuites dans la presse britannique laissaient même présager qu'elle n'y aurait pas recours avant fin 2017, repoussant à fin 2019 sa sortie ; la première ministre, préférant attendre les élections générales françaises et allemandes.

  • Une guerre des chefs

Depuis leur nomination, le 13 juillet dernier, Boris Johnson, David Davis et Liam Fox se livrent une lutte sans merci. Les trois ministres chargés d'organiser la sortie du Royaume-Uni négocient leurs moyens et leur périmètre d'action. Selon le Telegraph, Theresa May aurait organisé une réunion privée avec les trois hommes, la semaine dernière, pour évoquer les désaccords et "apaiser les tensions". Elle leur aurait demandé "d'arrêter de perdre du temps avec leurs histoires et de se concentrer sur le Brexit".

  • Le Royaume-Uni, au bord de l'implosion?

Dernier espoir pour les anti-Brexit : un éventuel vote du Parlement qui pourrait retarder, voire annuler, la mise en oeuvre du divorce avec l'UE. Mais Theresa May a annoncé qu'elle souhaitait se passer de ce scrutin pour entamer la sortie de la Grande-Bretagne. La Haute cour de justice de Londres vient d'engager une procédure contre la chef du gouvernement pour l'empêcher d'exercer cette prérogative royale du Premier ministre. De son côté, la chef du gouvernement affirme avoir consulté des juristes et agir en toute légalité.

Il ne manquerait plus que l'Ecosse avance son référendum sur l'indépendance. Pour sa rentrée, le Premier ministre écossais, Nicola Sturgeon, a confirmé qu'un nouveau vote sur l'indépendance du pays était "hautement probable" et a commencé à consulter les électeurs qui s'étaient prononcés en faveur d'une union avec le Royaume-Uni en 2014. Selon le quotidien écossais The Scotsman, elle serait en train de mobiliser ses sympathisants à Stirling pour convaincre les électeurs.