Après l'ex maire de Londres Boris Johnson, c'est au tour de la secrétaire d'Etat à l'Energie pro Brexit Andrea Leadsom, candidate à la succession de David Cameron, de devoir faire face à des propos qu'elle a tenu il y a trois ans. Elle s'était alors prononcée... contre une sortie de l'Union européenne !
Elle est l'une des prétendantes à la succession de David Cameron au poste de Premier ministre, et une figure de proue de l'euroscepticisme. Et les campagnes n'épargnent pas ceux qui les mènent, les forçant bien souvent à justifier des propos qu'ils auraient préféré oublier. Andrea Leadsom, ancienne cadre chez Barclay's, s'était exprimée en 2013 au cours de la conférence annuelle de la société Hansard, un think tank spécialisé dans les questions économiques et politiques. Tout en pointant la nécessité de réformer l'UE, elle s'était déclarée en défaveur d'une sortie du Royaume Uni : « Je vais faire connaître ma position une fois pour toutes : je ne pense pas que le Royaume Uni devrait quitter l'Union européenne » avait alors déclaré la députée de la circonscription de South Northamptonshire. Elle ajoutait : « Je pense que ce serait un désastre pour notre économie, et que cela entrainerait une décennie d'incertitude politique et économique dans une époque de grands bouleversements à l'échelle mondiale. »
Un changement de position qui n'a pas échappé à nombre de politiciens britanniques, à l'image de l'ancien Premier ministre Tony Blair : « Certains membres du parti conservateur ont mené campagne pour le Brexit, alors même qu'ils disaient il y a quelques années que quitter l'Union européenne serait un désastre. »
Une épine dans le pied dans la course à l'investiture ?
Andrea Leadsom, 53 ans, brigue aujourd'hui l'investiture en tant que Premier ministre. Elle avait marqué les esprits lors des débats organisés par la BBC le 21 juin, avec un vibrant discours anti-Union européenne. Nul doute que la remontée à la surface des propos tenus il y a seulement trois ans fragilisent la candidate, qui n'est pour l'instant créditée que de 5% dans les sondages.
Néanmoins décidée à se défendre après les accusations d'hypocrisie émanant de certains tabloïds, l'actuelle secrétaire d'Etat à l'Energie a avancé qu'elle avait « changé d'avis parce que les faits avaient changé », et que « les risques de rester dans l'Union européenne s'étaient considérablement aggravés entre temps. » Elle a enfin affirmé que ses propos actuels étaient cohérents et le résultat d'un « cheminement ».
Celle qui aime se comparer à Margaret Thatcher est la deuxième personnalité politique à revenir sur ses propos, après Boris Johnson. Le fantasque ex maire de Londres avait lui aussi revu ses positions entre 2013 et 2016.
https://www.youtube.com/watch?v=tA0X7ooX_sE
Après avoir asséné que la majorité des problèmes des britanniques n'étaient pas dus à la politique de Bruxelles, il avait soutenu activement une sortie de l'Union ces dernières semaines, s'attirant de nombreuses critiques.
Andrea Leadsom est donc la seconde candidate au 10 Downing Street à changer de point de vue sur le statut du Royaume Uni dans l'Union européenne, après le volatile Boris Johnson.
Cette casserole qui met du plomb dans l'aile d'Andrea Leadsom renforce un peu plus la candidate Theresa May, l'actuelle ministre de l'intérieur, créditée de 55% d'intentions de vote, et qui s'impose encore plus comme favorite à la succession du Premier ministre sortant.
Damien Le Délézir avec Loïc de La Mornais