Chiffre du jour : 6-1 égale 5. La bataille pour succéder à David Cameron s'avère pleine de rebondissements. Si Boris Johnson a jeté l’éponge jeudi, cinq autres prétendants ont depuis annoncé leur candidature. Les députés Tories auront ensuite trois semaines pour dégager deux finalistes qui seront départagés par le vote des 125 000 membres du parti durant l'été. Le nouveau chef des Tories devrait être investi d’ici le 2 septembre au plus tard. Geopolis dresse pour vous le portrait des différents candidats et leur taux de chance d'entrer au 10 Downing Street.
Boris Johnson, le guignol. 0%
L’excentrique ex-maire de Londres faisait figure de favori pour le poste de Premier ministre. Mais le 30 juin, dans un discours expliquant la lourde tâche à accomplir par le futur Premier ministre, il annonce finalement son abandon : « Cette personne ne pouvait pas être moi ». Ce trublion de la vie politique est l’ancien camarade de promotion d’Oxford de Cameron. Pourtant, il a décidé de mener une campagne en faveur du Brexit, alors qu’il y a 3 ans il avouait en interview qu’il voterait pour un maintien dans l’Europe si un tel référendum se tenait… Et certains ne lui ont pas pardonné cette déloyauté et un opportunisme politique aussi grossier… Le jour du résultat du référendum, l’ancien maire à la tignasse blonde se fait huer par ses anciens administrés en sortant de chez lui, chose rare au Royaume-Uni. Il passe le week end suivant à jouer au cricket... Apparu incapable de gérer l'après-Brexit, comme s'il n’avait pas prévu de plan post-résultat, alternant des conférences de presse où il promet tout et son contraire (« rien ne changera, juste nous ne serons plus dans l’Union Européenne ») « Bojo le clown » a décidé de rebrousser chemin. Il abandonne donc la bataille et refile la patate chaude à qui en veut. Selon des cadres du parti, « sa place est déjà réservée en enfer ». Principale faiblesse : manque de sérieux.
Theresa May, la consensuelle. 55 %
Theresa May, 59 ans, est désormais la favorite pour la succession de David Cameron. Ministre de l’intérieur depuis six ans, mariée sans enfants, elle est souvent comparée à l’ancienne Première ministre Margaret Thatcher en raison de ses positions très fermes sur l’immigration. Bien qu’ouvertement eurosceptique, elle avait créé la surprise en se déclarant pour le maintien dans l’Union européenne, par discipline gouvernementale. Durant la campagne sur le référendum, elle reste discrète ce qui fait d’elle aujourd’hui la seule personnalité du Parti conservateur capable de rassembler pro et anti-Brexit. Née à Eastbourne, station balnéaire du sud du pays et fille d’un pasteur anglican, elle commence sa carrière dans la finance. En 1997, elle entre dans le «shadow cabinet» en charge de l’éducation, des femmes et des handicapés avant de devenir ministre de l’Intérieur en 2010. A ce poste, elle durcit les conditions d’entrée des migrants ne venant pas de l’Union européenne et se déclare contre une politique des quotas voulue par l'Europe. Hier, elle a promis qu'elle ne lâcherait rien sur les futurs accords et qu'elle ferait tout pour rester dans le marché unique. Une posture, certes ferme, mais peut-être un peu naïve car il ne sera sûrement pas si simple de négocier avec les 27. Principale faiblesse : très dogmatique, elle manque un peu de charisme.
Michael Gove, le Judas. 25 %
Actuel ministre de la Justice, Michael Gove avait deux alliés en politique : David Cameron et Boris Johnson. Il avait trahi le premier en soutenant la campagne pour le Brexit. Il vient de poignarder dans le dos le second en annonçant sa candidature au 10 Downing Street alors qu’il avait toujours promis à son ancien acolyte de l’aider à y accéder. Né en 1967 à Edimbourg, il est adopté à l’âge de quatre mois par une famille propriétaire d’une usine de transformation de poisson. Depuis cette époque, il nourrit un sentiment de rejet vis-à-vis des institutions européennes qu’il juge responsables de la fermeture de l’entreprise de son père. Ancien journaliste à la BBC et au Times, ce père de deux enfants a toujours déclaré qu’il ne voudrait jamais devenir Premier ministre! Principale faiblesse : manque total de charisme et de glamour (dont il reconnaît lui-même ne pas être pourvu..).
Stephen Crabb, l’europhile. 10 %
Agé de 43 ans et originaire du Pays de Galles, Stephen Crabb est l’actuel ministre du Travail. Elevé par une mère célibataire délaissée par un mari alcoolique et violent, il fait partie des rares membres du Parti conservateur originaire d'un milieu populaire. Il a fait campagne pour le maintien dans l’Union européenne mais a déclaré cette semaine qu'il fallait respecter le résultat du référendum. Il a indiqué qu’il n’y aurait pas de second référendum. S’il est élu à la tête du parti, il souhaite contrôler les frontières du Royaume-Uni, obtenir un accès au marché unique et en finir avec la suprématie des directives européennes. Stephen Crabb s'était prononcé contre le mariage gay lors de la réforme, ce qui ne fait pas de lui le candidat le plus populaire pour succéder à Cameron. Principale faiblesse : manque d'expérience.
Andrea Leadsom, l’eurosceptique. 5 %
La secrétaire d’Etat à l’Energie âgée de 53 ans a été particulièrement remarquée lors des débats organisés par la BBC le 21 juin. Son vibrant discours anti-Union européenne a galvanisé les pro-Brexit et laissé les militants du Remain bouche bée. La candidate, ancienne cadre chez Barclay's avait appelé à célébrer "l'indépendance" du Royaume-Uni après l'annonce des résultats du référendum. Très ferme sur les questions d'immigration, elle a également défendu la politique d'austérité du gouvernement Cameron. Principale faiblesse : manque d'expérience (elle n'a jamais dépassé le statut de secrétaire d'Etat).
Liam Fox, l’outsider. 5 %
Liam Fox, 54 ans, est l’ancien ministre de la Défense. Eurosceptique notoire, il a fait campagne pour la sortie de l’Union européenne et se dit contre l’adhésion au marché unique. Profondément atlantiste, il cite souvent l’exemple américain et milite pour le renforcement de la relation entre le Royaume-Uni et les Etats-Unis. L’ancien médecin, qui avait déjà postulé à la présidence du parti conservateur en 2005 face à David Cameron, fait figure d’outsider dans cette bataille. Principale faiblesse : une casserole remontant à 2011. Accusé de conflit d’intérêt, il est contraint de démissionner de son poste de ministre de la Défense.
Lise Abou Mansour avec Loïc de La Mornais