James Bond, nouvelle victime du Brexit?

La presse britannique a déjà réalisé quelques montages. Selon elle, il ne resterait plus que Boris Johnson, ancien maire de Londres, pour incarner l'espion britannique sur la terre de ses ancêtres.

Le Royaume-Uni n'y avait sûrement pas pensé : en votant pour la sortie de l'Union Européenne, jeudi dernier, il pourrait exiler James Bond et perdre les mythiques studios de Pinewood. 007 aurait trop d'argent à perdre à rester à Londres, selon les spécialistes. Et il ne serait pas le seul héros à être vaincu par le grand méchant brexit...

C'est une conséquence inattendue du Brexit : James Bond, l'espion secret le plus célèbre de la planète, pourrait quitter le Royaume-Uni. Avec son smoking, son noeud papillon, ses gadgets en tout genre et son humour, il incarnait à la perfection le smart power à l'anglaise. Mais selon plusieurs médias britanniques, l'agent secret de Sa Majesté envisage de prendre ses quartiers ailleurs.

Ce ne serait pas la première fois dans l'histoire de la saga puisque « Moonraker » avait été tourné à Paris, « Permis de tuer » à Mexico et « Casino Royale » en grande partie à Prague. Mais c'est la première fois qu'il est question de quitter définitivement l'Angleterre et les studios de Pinewood, qui l'accueillent depuis 1962.

De nombreux blockbusters ont été tournés à Londres : pour la qualité de la production cinématographique mais aussi - et surtout - pour les aides européennes. Entre 2007 et 2015, le programme Média (destiné à renforcer et développer les secteurs culturels et créatifs en Europe) a injecté 180 millions de dollars dans les productions britanniques. En délocalisant Outre-Manche, les grands studios américains ont aussi pu regagner un quart des sommes investies grâce aux crédits d'impôts accordés par Londres. Selon les spécialistes, il sera difficile de continuer à produire des films sur le territoire britannique.

James Bond n'est pas le seul à devoir faire ses valises : les Irlandais du Nord craignent de perdre le tournage de la série Game of Thrones ou les suites de Star Wars. Affront suprême, c'est à Paris que ces productions pourraient s'installer. La Cité du cinéma de Luc besson, avec ses grands plateaux modernes et un accès au fond de 1,4 milliards d'euros d'aides européennes, ont de quoi séduire. La production prendra sa décision dans les prochains mois.

Depuis le premier opus, « Dr. No », les scénaristes appuient les aventures de l'espion sur la politique internationale. De la guerre froide à la dissolution de l'empire britannique en passant par la puissance militaire américaine, James Bond est devenu un héros géopolitique. Il se pourrait bien que cette fois, il soit rattrapé par l'histoire.

L'acteur Daniel Craig, qui incarne le célèbre espion britannique, avait fait campagne pour rester dans l'Union Européenne. Une écrasante majorité d'acteurs avaient pris position pour le remain, comme en témoigne le manifeste signé par Keira Knightley (connue notamment pour son rôle dans Pirate des Caraïbes), Jude Law, Danny Boyle (réalisateur oscarisé de Slumdog Millionnaire), l'actrice Kristin Scott Thomas, Patrick Stewart (acteur de la saga X-men), ou encore Benedict Cumberbacht, l'interprète de Sherlock Holmes, quelques semaines avant le vote.