Brex-intox, suite : les arguments catastrophistes des pro-européens

Les partisans du Brexit ont repris des images de films pour se moquer des arguments improbables des pro-européens ! (crédit photo : heatstreet)

SERIE J-2 : le compte à rebours avant le grand divorce ? L'article d'hier énumérait les arguments farfelus des pro-Brexit à l'encontre des règlementations européennes. Mais les partisans du maintien dans l'Union ont eux aussi eu leurs exagérations durant la campagne. Moins loufoques, mais aussi excessives sans doute, notamment en terme de prévisions économiques...

  • "Quitter l'Union Européenne fera augmenter les coûts des communications téléphoniques avec les autres pays de l'Union Européenne"

FAUX : Le tarif des communications dépendra des accords que conclura le Royaume-Uni avec l'Union, mais il est peu probable que les coûts changent. Le ministre de l'Economie numérique, Ed Vaizey, a proposé que ces coûts soient inclus dans un "paquet post-Brexit".

  • "Un Brexit mènerait la France à renégocier les accords, ouvrant la voie à une arrivée massive de migrants en Grande-Bretagne"

FAUX : Les Accords du Touquet (accord bilatéraux entre la France et le Royaume-Uni signés en 2003) établissent que le contrôle de la frontière britannique se fait du côté français de la Manche. Pour Bernard Cazeneuve, le ministre de l'Intérieur français, la renégociation de ces accords n'est pas d'actualité et "repousser la frontière de l'autre côté de la Manche n'empêcherait en rien la formation d'un campement de ce côté-ci de la Manche. Par ailleurs, les Britanniques, qui ne sont pas dans l'espace Schengen (l'espace de libre circulation en Europe) pourraient aisément refouler à leur frontière ceux qui voudraient la traverser. Ouvrir la frontière comme certains le proposent de façon irresponsable, ne ferait que recréer une attractivité de Calais pour les flux de migrants qui traversent l'Europe dans l'espoir de rejoindre le Royaume-Uni. Nous ne devrons pas faire le jeu des passeurs qui sont des acteurs de la traite des êtres humains."

  • "Si le Royaume-Uni quitte l'Union Européenne, les vacances d'une famille britanniques de 4 personnes en Europe coûteront 230 livres (300 euros) de plus qu'aujourd'hui"

FAUX : Si le Royaume-Uni quitte l'Union Européenne, la livre pourrait être dévaluée et rendre les vacances des britanniques un peu plus cher. Mais de là à atteindre 230 livres (300 euros), sans doute pas !

  • "Si le Royaume-Uni quitte l'Union Européenne, le pays perdra 3 millions d'emplois"

FAUX : Un rapport du centre britannique d'économie et de recherches commerciales (CEBR) estime que 3,1 millions d'emplois sont liés aux échanges avec l'Union Européenne mais à aucun moment n'a mentionné le fait que le pays les perdrait en cas de Brexit. Le commerce avec le continent ne serait pas complètement arrêté. De plus, le Royaume-Uni trouverait d'autres marchés et la production pour le marché intérieur augmenterait. Les économistes estiment toutefois que les pertes d'emplois s'élèveraient à 950 000 et impacteraient principalement l'industrie automobile et les services financiers.

  • "Un Brexit entraînerait un manque à gagner pouvant atteindre jusqu'à 9,5% pour le PIB britannique"

FAUX : Si la présidente du FMI, Christine Lagarde, a mis en garde contre une chute du PIB britannique pouvant atteindre jusqu'à 9,5% en cas de sortie de l'Union, cette prévision est quelque peu excessive. La majorité des rapports économiques envisagent une baisse entre 3,5% et 6% selon le contexte économique et les différents accords que passera le Royaume-Uni avec les autres membres de l'Union.

Seul George Osborne, actuel ministre chargé des Finances et du Trésor, a avancé un vrai argument de taille :

  • "Les détenteurs d'emprunt immobilier pourraient être confrontés à une hausse des taux d'intérêt si le référendum donne la victoire aux partisans d'une sortie de l'Union Européenne" 

VRAI : Selon les experts, si la Grande-Bretagne quitte l'Union Européenne, il y aura une instabilité sur les marchés financiers et il est probable que les taux augmentent.

Claire Perrodon, avec Loïc de La Mornais