Il y a 17 ans, l'autre attentat contre un bar gay à Londres

Explosion dans le bar gay Admiral Duncan à Londres le 30 avril 1999

La tuerie survenue dans la nuit du samedi 12 au dimanche 13 juin dans une boîte de nuit homosexuelle à Orlando en Floride a suscité une forte réaction notamment à Londres, qui a vécu une tragédie similaire en 1999.

Le quartier de Soho, haut-lieu de la communauté gay à Londres et un des quartiers les plus animés de la capitale, a souhaité rendre hommage aux victimes américaines. Les bars de la rue Old Compton Street, au coeur du quartier, inciteront la population à veiller toute la nuit du lundi 13 juin à partir de 19h jusqu'au mardi matin. Des centaines de personnes ont déjà confirmé leur présence sur Facebook.

La mobilisation des bars de cette rue est symbolique puisque le 30 avril 1999, le bar Admiral Duncan, un des bars de la rue, avait subi des violences similaires à l'encontre de la communauté LGBT (lesbienne, gay, bisexuelle et transsexuelle). Une bombe avait été déposée par un néo-nazi nommé David Copeland, causant la mort de 3 personnes et en en blessant 70.

Précédemment, le même homme avait déjà commis 2 autres attaques dans différents quartiers de Londres, le 17 avril 1999 à Brixton visant la population noire, et le 24 avril à Hanbury Street contre la communauté asiatique. Ces évènements avaient provoqué la méfiance et la prévoyance des londoniens, et la police avait prévenu la population qu'un bar gay pourrait être la prochaine cible de l'assaillant. Prévision qui s'est avérée.

Jeudi 29 avril, l'enregistrement vidéo d'une caméra de surveillance à Brixton permet d'identifier l'agresseur, et celui-ci est aussitôt publiquement diffusé dans toute la ville. Copeland a donc été contraint de précipiter l'exécution de son prochain attentat au jour suivant, le vendredi 30 avril au soir. Le patron du bar l'Admiral Duncan remarque un sac laissé sans surveillance, c'est le sac contenant la bombe. Mais celle-ci explose à 18h37 alors que le gérant est en train d'examiner le sac. Ce dernier ne fait pas partie des 3 victimes qui comprennent une femme enceinte et deux hommes.

Copeland est retrouvé par la police le soir même des explosions. C'est un de ses collèges de travail qui l'avait reconnu sur les enregistrements des caméras de surveillance de Brixton qui avait averti la police 1h20 avant l'explosion de la bombe. Mais le temps de le retrouver, il était trop tard pour empêcher le drame de se produire.

Le dimanche suivant le massacre, un grand rassemblement à ciel ouvert est organisé sur une place dans le quartier de Soho, où des milliers de personnes se retrouvent.

Copeland est finalement condamné à au moins 50 ans de prison. Actuellement en prison, il ne pourra en aucun cas être libéré avant 2049, année durant laquelle il fêtera ses 73 ans.

Consommateur de drogues très jeune, notamment d'héroïne, il intègre le British National Partyun parti d'extrême droite anti-immigration. C'est durant cette période qu'il apprit à construire des bombes. Plus tard, il rejoint le National Socialist Movement, un parti plus petit, violent et affirmé néo nazi. Il débute ainsi sa série d'attentats.

Crédit photo : BBC

David Copeland

Après son arrestation, il annonce devant la cour n'avoir jamais eu de petite amie, et craignait d'être traité d'homosexuel à cause de cela. Et quand on lui demanda pourquoi il avait choisi ces cibles-là, il répondit que ces ethnies, noires et asiatiques, étaient inférieures et qu'il détestait les homosexuels.

La ville de Londres, réputée pour son caractère cosmopolite, accueillera le week-end du 25 et 26 juin la gay pride, un grand défilé organisé par la communauté LGBT venue du monde entier. Au vu des évènements, le Président de la Gay Pride londonienne, Michael Salter-Church, s'est prononcé : "C'était une attaque insensée, absurde, où il apparait clairement que les personnes visées l'étaient pour leur sexualité. (...) Dans moins de deux semaines, des dizaines de milliers de personnes venant du monde entier vont se retrouver à Londres pour la gay pride, et ensemble nous rendrons hommage à toutes les victimes." 

Claire Perrodon avec Loïc de La Mornais