L’Independent Press Standards Organisation (IPSO), organisation régulatrice de la presse britannique, a rappelé à l'ordre, mercredi 18 mai, le quotidien britannique The Sun pour avoir affirmé en Une que la reine Elizabeth II était favorable à la sortie du Royaume-Uni de l'Union Européenne.
Le journal le plus tiré du pays (1,7 millions d'exemplaires par jour) est habitué aux Unes racoleuses. Mais lorsqu'il s'en prend à sa Majesté, les critiques ne se font pas attendre. Le 8 mars, le tabloïd avait affiché en lettres capitales et en couverture : « La reine soutient le Brexit ».
Le quotidien s'est appuyé sur une conversation entretenue par la reine avec un groupe de députés, "il y a quelques années, lors d'une réception à Buckingham Palace". Elizabeth II aurait confié à Nick Clegg, vice premier ministre de David Cameron et pro-européen que "L'Union européenne [allait] dans la mauvaise direction". Les conversations n'ont pas été enregistrées et les sources sont restées anonymes ce qui laissait déjà planer le doute sur la véracité de ces propos.
Dès le lendemain de cette publication, les services de sa majesté avaient épinglé le journal britannique et rappelé la "neutralité politique de la reine". Ils ont ensuite porté plainte auprès du régulateur de la presse. L’Independent Press Standards Organisation (IPSO) a donné raison à la reine, en estimant que le titre était très exagéré et qu'il ne reflétait pas le contenu de l'article. Elle conclut que le tabloïd n'a pas respecté la première clause du code de bonne conduite qui stipule : "La presse doit faire en sorte de ne pas publier des informations ou des photos qui sont fausses, trompeuses ou déformées, y compris dans les titres qui ne sont ensuite pas confortés par le texte".
Ce mercredi, le journal a été contraint de publier les conclusions de l’IPSO mais a refusé de s’excuser. « Si c’était à refaire, on ne changerait pas une virgule », a déclaré le rédacteur en chef, Tony Gallagher. « Nous en savons plus que ce que nous avons été en mesure de publier mais on se devait de protéger nos sources. Celles-ci sont si solides qu’on n’avait pas d’autre choix que de publier cet article », a-t-il ajouté, se disant « persuadé » que la reine soutient un « Brexit ».
Charlotte Onfroy-Barrier, avec Loïc de La Mornais