Pour l'Euro 2016, des policiers britanniques sont venus prêter main-forte à la police française pour lutter contre les violents supporters surnommés les Hooligans. En effet, même si la mauvaise réputation des supporters anglais commence à s'effacer au cours du temps, la menace reste présente. Les évènements d'hier à Marseille en témoigne notamment. Retour sur 30 ans de mesures, de luttes et d'efforts pour contrer les pires bad boys du foot anglais.
D'après les chercheurs, le terme "Hooligan" aurait été mentionné pour la première fois dans le journal anglais Daily News en 1898. Il aurait fait référence à un ivrogne Irlandais, nommé Patrick Hooligan, vivant à Londres et régulièrement impliqué dans des bagarres. Depuis, les "Hooligans" sont généralement définis comme des voyous qui se livrent à des actes de violence et de vandalisme lors de compétitions sportives. Parallèlement à leurs activités axées autour de la violence, la plupart d'entre eux revendique une idéologie extrémiste à droite.
Le Royaume-Uni n'est pas le seul pays touché par ce violent fléau, mais il en reste le berceau et abrite encore aujourd'hui un grand nombre de hooligans. Notamment, les supporters du Chelsea Football Club à Londres sont considérés comme parmi les plus violents hooligans existants. Ce n'est pas pour rien s'ils sont surnommés les Headhunters, ce qui signifie les "chasseurs de têtes".
C'est dans les années 1980 que le hooliganisme connait un tournant important en Angleterre et que le gouvernement britannique commence véritablement à réagir. Le pays multiplie les mesures pour assurer la sécurité dans les stades et contrôler les hooligans.
En 1985, se produit le drame de Heysel à Bruxelles en Belgique. Il est une des tragédies les plus marquantes liées à une manifestation sportive et due au hooliganisme. Les heurts entre les supporters des clubs de football de Liverpool et de Juventus causent la mort de 39 personnes et environ 500 sont blessées. Suite à cela, les autorités britanniques interdisent l'alcool dans les stades et une loi est passée en 1986 (le Public Disorder Act) qui interdit aux individus les plus violents, connus des services de police, d'assister aux matchs.
Puis survient la tragédie de Hillsborough dans le Nord de l'Angleterre en 1989. Plus de 750 personnes sont blessées et 96 sont tuées dans un mouvement de foule. Les hooligans ne sont pas directement responsables de l’accident, mais le gouvernement décide de renforcer la sécurité dans les stades. Les places debout sont supprimées, les caméras de surveillance se multiplient.
Parallèlement, la police britannique renforce son arsenal juridique dans les années 1990. Les hooligans présumés peuvent être placés sur écoute. La police infiltre des clubs et parvient à identifier les supporters les plus violents pour les condamner, grâce à la création d’unités spéciales.
Depuis une vingtaine d'année, le prix des tickets a fortement enflé de manière à écarter des stades les plus jeunes et les plus modestes, généralement facteurs de ces violences. Par exemple, en 20 ans, les prix ont été multipliés par 5 à Manchester City. Les clubs anglais présentent d'ailleurs les "premiers prix" des billets de match les plus élevés du monde. Par exemple, le prix des billets les moins chers pour assister à un match du club Chelsea s'élèvent à 70€, contre 35€ pour le Real Madrid, ou 21€ pour le Paris-Saint Germain (d'après les données de la BBC fin 2015).
Ces dispositions ont permis de réduire considérablement la violence au sein des stades mais n'ont pas pour autant éradiqué le hooliganisme. Le phénomène frappe encore largement à l'extérieur des stades, loin des enceintes sportives. Les violents évènements qui se sont déroulés hier après-midi et hier soir dans le vieux-port de Marseille en France entre des supporters anglais et russes en marge du match Angleterre-Russie en témoignent.
Aujourd'hui, très exactement 2 181 hooligans sont interdits de stade au Royaume-Uni. Ceux-là ont d'ailleurs été contraint de rendre leur passeport avant l'Euro 2016 et plusieurs physionomistes ont été déployés dans les ports et dans les gares pour s'assurer de les empêcher de prendre les moyens de transports. Une mesure qui a malgré tout laissé passer un certain nombre de fauteurs de troubles à travers les mailles du filet.
Claire Perrodon avec Loïc de La Mornais