Les dissertations, les dossiers, les essais : les étudiants ont peu d'heures de cours mais de nombreux travaux à produire. En Grande-Bretagne, ceux qui n'en ont pas le courage peuvent faire appel à des essayistes, chargés de faire leur devoir. Portrait de l'un de ces "tricheurs professionnels".
Marek Jezej est son pseudonyme. Chaque année, il rédige des dizaines de dissertations... pour la somme de 2500 £ (3200 €) en moyenne. La philosophie, la psychologie, les soins infirmiers, l'éducation, la physique, la criminologie, la gestion de l'accueil, l'éthique, ou encore la gestion : tout l'intéresse. Pour faire faire ses devoirs, rien de plus simple : l'étudiant inscrit sur un site internet les consignes qui lui sont données et le délais dont il dispose pour rendre le devoir. Un essayiste lui propose alors un tarif afin de répondre à sa demande.
La supercherie est quasiment impossible à découvrir par les professeurs. La plupart des universités utilisent des logiciels anti-plagiat qui permettent de confronter le contenu de la dissertation aux travaux déjà publiées sur le web. Mais ils ne peuvent détecter un travail qui a été produit par un essayiste professionnel.
Marek Jezek aide les étudiants à tricher, "par vengeance". Ttitulaire d'un doctorat en Business Administration, il est au chômage depuis plusieurs années et estiment être victime de "discrimination raciale". Originaire du Congo, il a postulé à plus de 300 emplois, sans succès. "Pour moi, c'est un moyen de satisfaire mon ego parce que je me sens injustement rejeté. Je reçois un peu de satisfaction quand un élève me contacte pour me dire qu'il a obtenu 14 ou 16", raconte-t-il. Les étudiants étrangers sont ceux qui font le plus souvent appel à lui mais dernièrement, les britanniques lui demandent de l'aide "pour des questions de grammaire".
Un phénomène en hausse
Comme Marek, les essayistes professionnels sont de plus en plus nombreux. Sur le campus de l'université Queen Mary, une société distribuait des cartes, prétendant être "le meilleur et le plus original service de l'écriture académique", explique la BBC. Dans le métro de Londres, le mois dernier, une autre placardait des affiches afin d'inciter les élèves à les solliciter. La compagnie Transport of London s'est dite prête à coopérer avec les universités, en refusant désormais les publicités de ces sociétés.
Une pétition a été présentée au Parlement britannique afin d'interdire ces entreprises mais il est peu probable que cette demande aboutisse. De toutes façons, les étudiants sollicitent de plus en plus des essayistes étrangers et n'hésitent pas à envoyer leurs devoirs aux Etats-Unis, en Inde ou en Chine.
Seule solution pour répondre à cette tendance : changer les modes d'évaluation des étudiants en multipliant les présentations orales. Mais de nombreuses universités britanniques ont une politique très stricte et imposent une soumission anonyme des travaux. Marek Jezek et ses collègues ont donc de beaux jours devant eux.
Charlotte Onfroy-Barrier, avec Loïc de La Mornais