C’est la star de la nutrition outre-Manche. Amelia Freer est devenue en quelques mois une figure incontournable de la cuisine « bien-être » grâce à son livre Eat. Nourish. Glow. (Mangez. Nourrissez. Brillez). Son secret ? Pas de gluten, pas de sucre, pas de produits laitiers. Mais aussi, un ton décomplexé, des connaissances solides et surtout des résultats spectaculaires relayés par des stars comme le musicien Boy George qui ne jure que par elle selon le Evening Standard. Effet de mode ou méthode miracle?
Cook. Nourish. Glow., le deuxième opus, vient tout juste de rejoindre les étals des librairies et promet d'être un nouveau best-seller. Son premier livre faisait l’apologie d’une alimentation dépourvue de produits laitiers, gluten et sucre, vantant les mérites du « fait-maison », façon journal intime. Celui-ci compile 120 recettes pour reproduire chez soi la méthode Freer avec les mêmes principes. Et il s’agit bien d’une méthode même si le mot n’est jamais prononcé car Freer est avant tout une championne du marketing et de la communication. Tout s’articule autour de sa transformation personnelle à force d’exemples comme ces « dizaines de tasses de thé sucrées qu’elle buvait par jour » pour avoir de l’énergie avant qu'elle ne réalise leur effet diabolique sur le métabolisme.
Avec Freer, cuisiner sain n’a jamais semblé plus simple et… appétissant. D'autant plus qu'elle propose des recettes allégées de plats bien gras, 100% British, comme les fameux "fish pie" (hachis Parmentier au poisson). Des photos alléchantes sur son profil Instagram (qui compte plus de 80 000 abonnés) à sa chaîne YouTube avec ses vidéos « confessions » shootées dans sa cuisine lumineuse de Notting Hill, Freer fait la joie des médias anglophones qui l’invitent tous à partager ses secrets.
Mais la méthode Freer est tout de même extrêmement restrictive. Il faut bannir le pain, les pâtes et le riz, pourtant considérés comme des sucres lents nécessaires à une alimentation équilibrée par les discours traditionnels. A la place, du chou-fleur émietté en grain et des courgettes jaunes "spiralisées" pour faire comme si. Quant aux céréales de petit-déjeuner, vinaigre balsamique et bouillon cube industriels, ce ne sont que des formes raffinées de junk food selon elle. Un régime plutôt contraignant donc. Le tout est enrobé d'une pédagogie qui repose sur l'idée que l'introduction de nouveaux aliments (graine de chia, lait d'amande, huile de noix de coco, etc.) ferait miraculeusement oublier tout ce qui est retiré en contre-partie.
Freer rejoint la longue liste des cuisto-stars anglais dont Jamie Oliver est le chef de bande. Pas facile de dire si sa méthode fonctionnera sur le long terme. Elle a au moins le mérite de prôner un retour aux fourneaux, dans un pays où la "pause-dej" se prend bien souvent derrière l'écran d'ordinateur.
Inês Fressynet avec Loic de la Mornais