Quand J.K. Rowling, la célèbre auteure, déclare qu’une personne est pire que Voldemort, c’est que c’est très grave. C’est l’honneur auquel a eu droit Donald Trump, candidat pour la présidentielle américaine, après avoir déclaré lundi soir qu’il souhaitait fermer les frontières américaines à tous les musulmans.
Même Nigel Farage, leader du parti populiste UKIP connu pour ses propos xénophobes, trouve que le candidat est « allé trop loin ». « Je m'attends à ce que les gens disent que cette proposition est déraisonnable, parce qu’elle punirait beaucoup de très bonnes personnes pour les actions de quelques [mauvaises] personnes » a expliqué Farage.
Mais c'est surtout lorsque Donald Trump a fait des déclarations jugées insultantes à l'égard de Londres que les réactions se sont montrées vives. Lors d’explications données mardi sur la chaine américaine MSNBC, il a précisé que de telles mesures étaient nécessaires car il fallait éviter que les États-Unis deviennent comme le Royaume-Uni. « Il y a des endroits à Londres [et Paris] qui sont si radicalisés que les policiers n’y pénètrent pas par peur pour leur propres vies. Nous devons être très intelligents et très vigilants » a déclaré le candidat républicain.
Cette énième citation a suscité un tollé au Royaume-Uni, de parlementaires à David Cameron en passant par la police londonienne. « D'habitude nous n'accorderions pas d'importance à de tels commentaires, mais aujourd'hui nous estimons qu'il est important de dire aux londoniens que Donald Trump n'aurait pas pu plus se tromper [au sujet de notre ville]. Tous les candidats à l'élection présidentielle aux Etats-Unis sont les bienvenus à Londres s'ils souhaitent recevoir un briefing sur la réalité du maintien de l'ordre à Londres » a déclaré la Metropolitan Police.
Boris Johnson, le maire de Londres né à New York, a choisi de répondre avec l'aplomb qui le caractérise, expliquant que « la seule raison pour laquelle j’éviterais certaines parties de New York serait à cause du risque de croiser Donald Trump ».
David Cameron, le premier ministre britannique, a qualifié les commentaires de Trump « d’inutiles » et de « tout simplement faux ». Cette réplique se démarque de la réserve habituelle des chefs d'Etat par rapport aux candidats d'élections se déroulant dans d'autres pays.
La levée de boucliers a été telle qu’une pétition a été lancée par une citoyenne britannique pour empêcher Donald Trump d’entrer sur le territoire. « Le Royaume-Uni a émis une interdiction de séjour à plusieurs personnes à cause de discours haineux. (…) Si le Royaume-Uni désire maintenir ce critère pour l’entrée sur le territoire, celui-ci doit être appliqué tant aux riches qu’aux pauvres, tant aux faibles qu’aux puissants » explique Suzanne Kelly, initiatrice de la pétition. Mercredi matin, la pétition avait déjà été signée par près de 100.000 personnes, suffisamment pour exiger une réponse du gouvernement sur le sujet. Si ce chiffre est obtenu, le gouvernement sera tenu de débattre cette pétition au parlement.
L’idée a été reprise par plusieurs parlementaires et personnalités politiques. La dirigeante du parti écologiste, Natalie Bennett, a annoncé sur son compte Twitter qu’elle signerait la pétition.
Les déclarations de Trump ont également donné lieu à de nombreuses réactions et parodies sur les réseaux sociaux.
Des réactions dignes du légendaire flegme britannique.
Wassim Cornet avec Loïc de la Mornais