Quatrième et dernier article de notre série sur les enjeux des élections britanniques du 7 mai 2015: les inégalités sociales.
Derrière une économie globale en relative santé, le Royaume-Uni est miné par une accentuation des inégalités entre les plus riches et les plus pauvres. Les candidats aux élections générales s'adressent à des électeurs dont le niveau de pauvreté s'est globalement accentué.
Crédits: guardian.co.uk et Getty images
La croissance était de 2,6% en 2014 et le chômage est passé de 8,4% pendant la crise à 5,7% aujourd'hui. Mais derrière ces chiffres réjouissants, d'autres le sont moins.
Les écarts entre les riches et les pauvres se sont creusés depuis la crise de 2008. Aujourd'hui, 1% de Britanniques possède autant que les 55% les plus pauvres. Ces "super riches" ont doublé leur fortune depuis 2009: ils possèdent 547 milliards de livres (763 milliards d'euros) contre 258 milliards (340 euros) il y a six ans.
Mais pour des milliers de citoyens au Royaume-Uni, la pauvreté s'accentue. Selon l'UNICEF, un enfant britannique sur quatre vivrait désormais en-dessous du seuil de pauvreté. Le nombre de Britanniques ayant recours aux banques alimentaires ("food banks") au moins trois fois par semaine a dépassé le million pour la première fois en 2014-2015.
Une banque alimentaire au Royaume-Uni - Crédit: Martin Godwin pour The Guardian
Les inégalités sont même visibles au niveau régional. Au Sud du pays, la richesse des ménages est deux fois plus élevée que dans le Nord. L'espérance de vie dans cette région est inférieure de trois ans par rapport au Sud de l'île.
Source: Office for National Statistics (2008-2010) - Traduction: "Où est la richesse? Pourcentage des ménages dont la richesse dépasse les 967.000 livres (1.307 euros) par région (2008-2010)"
De nombreux candidats anti-austérité
Les candidats aux élections générales du 7 mai sont divisés sur la politique économique du pays. Les Conservateurs veulent continuer dans une politique économique de plus en plus libérale, avec une hausse de l’investissement privé.
Pour se positionner face au parti de David Cameron, la plupart des candidats mettent en avant un discours anti-austérité. Les Verts, le parti nationaliste d'Ecosse (SNP), ainsi que le Labour, se battent pour être vus comme les plus radicaux en matière de lutte contre la politique d'austérité.
L'acteur et humoriste britannique Russell Brand, qui a récemment appelé à voter pour les Travaillistes, a réalisé un film dénonçant les inégalités sociales. Il cible plus particulièrement les banquiers et traders de la City, le quartier des affaires de Londres.
L'exemple du "contrat zéro heures"
Le contrat zéro heures est une illustration de la politique mise en place depuis les dernières élections. L'utilisation de ce genre de contrat a certes permis de baisser les chiffres du chômage à 5,7% fin 2014, mais pas la précarité de l'emploi.
Avec les "zero-hours contracts", pas de temps minimum de travail. Destinés au départ aux étudiants et aux travailleurs saisonniers, ces contrats sont aujourd'hui au nombre de 1,8 million, soit quatre fois de plus qu'à l'arrivée du conservateur David Cameron en 2010.
Le leader travailliste Ed Milliband voudrait stopper "l'épidémie" du contrat zéro heures. Après douze semaines, l'employé devrait obtenir un contrat de travail normalisé. Les Libéraux Démocrates souhaitent supprimer les clauses d'exclusivité empêchant les employés de chercher une autre source de revenu.
David Cameron souhaiterait quant à lui "terminer le travail" avec un nouveau mandat. Il promet que les bons chiffres de l'économie seront suivis d'améliorations sociales dans les prochaines années.
Caroline Chauvet, avec Loïc de la Mornais