Élections britanniques: les étudiants désenchantés... et endettés

Source: BBC Radio 4

Deuxième article de notre série sur les enjeux des élections britanniques du 7 mai 2015: la question des frais universitaires.

Seuls 44% des Britanniques âgés de 18 à 24 ans sont allés voter en 2010. Cette année encore, le taux d'abstention devrait être fort chez des jeunes. Depuis le triplement soudain des frais universitaires en 2012, les étudiants sont désenchantés et de plus en plus endettés.

 

 Reportage sur le coût des études en Grande-Bretagne

 

Au Royaume-Uni, les frais universitaires atteignent en moyenne 9.000 livres, soit 12.200 euros par an.

Gratuites il y encore vingt ans, les études ont commencé à coûter 1.000 livres (1.3600 euros) par année en 1998, puis 3.000 livres (4.000 euros) en 2004.

En 2012, sous la coalition Conservateurs / Libéraux-Démocrates, les frais universitaires ont triplé pour atteindre 9.000 livres par an (12.200 euros).

L'objectif était alors de réduire la part allouée à l'éducation supérieure dans le budget de l’État.

Les manifestation étudiantes de 2010 n'avaient pas réussi à stopper la réforme.

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Source: Getty images

La menace d'une dette croissante

Aujourd'hui, chaque étudiant britannique quitte l'université avec une dette de 44.000 livres (60.000 euros) en moyenne. Une bombe à retardement selon certains économistes, dont ceux du respectable Institute of Fiscal Studies. Aujourd'hui, ils estiment que 73% des étudiants n'arriveront pas à rembourser leurs dettes, contre 32% avant les réformes de 2012.

Cependant, l’augmentation des frais universitaires n’a apparemment pas eu d’impact sur le nombre de jeunes entrant à l'université. De même, un système de bourses a permis de favoriser les étudiants les plus en difficulté. Le nombre de jeunes issus de milieux défavorisés entrant à l'université a atteint son record en janvier 2015 et leurs dettes universitaires ont diminué.

Mais pour 70% des jeunes diplômés, l'endettement est une réalité inquiétante.

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"Age: 21 ans  et 21.000 livres de dettes"

Crédit : Philip Wolmuth/Alamy pour The Guardian

Les élections changeront-elles la donne?

Le taux d'abstention aux élections est généralement élevé chez les jeunes. En 2010, ils étaient 55% à ne pas être allés voter. Malgré cela, la question des frais universitaires n'a pas échappé aux candidats.

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"Bureau de vote" - Source: The Independent

Les Verts ont la côte chez les 18-24 ans. Le parti veut abolir les frais universitaires ainsi que les dettes étudiantes.

Les Travaillistes également pourraient gagner le vote étudiant. Ils veulent réduire les frais à 6000 livres (8272 euros) et promettent de trouver les 3,2 milliards de livres (4.36 milliards d'euros) manquants en réduisant les exonérations d'impôts pour les cotisations retraites.

Le parti eurosceptique et anti-immigration UKIP propose d'encourager les études scientifiques et technologiques en annulant les frais de scolarité pour les étudiants en médecine en ingénierie ou en mathématiques...sous condition que les diplômés payent des taxes au Royaume-Uni cinq ans après avoir fini leurs études.

Les Conservateurs n'ont pas bien précisé leur politique concernant les frais universitaires, qui devraient donc rester à 9.000 livres l'année en moyenne (12.200 euros) en cas de victoire du parti. Mais l'ancien ministre des affaires étrangères William Hague a récemment averti que le coût de l'université pourrait augmenter en cas de victoire du parti de David Cameron.

Les Libéraux-Démocrates ne devraient pas collecter de nombreux votes chez les étudiants. Ils sont accusés de ne pas avoir respecté leurs promesses de campagne de 2010. En coalition avec les Conservateurs, ils avaient dû accepter l'augmentation des frais de scolarité...alors qu'ils avaient promis de ne pas y toucher.Nick Clegg, le leader du parti, s'est excusé depuis. Malgré cela, le syndicat étudiant NUS (National Union of Students) a lancé une campagne en mars dernier qui ciblait directement les Libéraux - Démocrates.Le parti dit ne plus vouloir augmenter les frais universitaires en cas de victoire aux élections.

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"Les promesses non tenues laissent une marque indélébile. Votez contre ceux qui ne tiennent pas leurs promesses. #GenerationVote"

 Source: National Union of Students (NUS)

 

La question des frais universitaires est une préoccupation majeure pour des étudiants britanniques, qui seront en moyenne plus endettés que leurs prédécesseurs.

Le coût des études supérieures fait partie des enjeux de la campagne électorale, aux côtés des questions de l'emploi des jeunes ou du vote à 16 ans.

Mais, du fait du fort taux d'abstention chez les 18-24 ans, les jeunes ne représentent pas un électorat de choix pour les candidats.

 

Chaînes de télévision, personnalités et associations se sont mobilisées pour que les jeunes britanniques aillent voter le 7 mai 2015

 

Caroline Chauvet, avec Loïc de la Mornais