Le 5 novembre est une journée particulière en Angleterre. Date d’anniversaire de l’attentat raté de Guy Fawkes sur le parlement de Westminster, c’est aussi désormais la journée de rassemblement des Anonymous, qui une fois par an, défilent dans les rues de Londres pour lancer la révolution des 99%. Cette année, la manifestation coïncidait avec la sortie du dernier volet de la saga Hunger Games, dans laquelle une jeune héroïne rallie le reste de la population dans une insurrection contre le Capitole.
Certains sont venus apercevoir Jennifer Lawrence, Josh Hutcherson ou Liam Hemsworth, d’autres pour défendre leurs convictions. Tous se sont retrouvés jeudi 5 novembre sur Leicester square, où se tenait l’avant-première du film « The Mockingjay Part 2 ». D’une révolution à une autre, l’équipe de Géopolis s’est intéressée à la naissance de ces deux mouvements contestataires.
Intitulée la « marche du million de masques », le rassemblement anticapitaliste des Anonymous a pour objectif d’interpeller les politiques et de leur transmettre un message : il faut changer le système. La révolution est cependant dite anonyme, car elle a d’abord et avant tout prospéré sur internet, sans que personne n’ait besoin de se déclarer Anonyme ouvertement. Aujourd’hui encore, les Anonymous portent un masque, symbole de la majorité silencieuse. Dans Hunger Games au contraire, la révolution a un visage, celui de Katniss Everdeen, la fille qui a défié le Capitole.
« C’était plutôt drôle d’arriver ici et de tomber sur l’avant-première d’un film sur une révolution, parce que nous aussi nous voulons la révolution », nous confie une Anonymous. A ses côtés, quelques trois mille personnes ont tenu à manifester leur colère contre nos sociétés trop facilement séduites par le capitalisme. Tous souhaitent un changement radical, une révolution par le peuple et pour le peuple, la fin de la domination politique, économique et culturelle des 1% qui dirige le monde.
« Nous voulons le socialisme, le vrai, pas comme Monsieur Hollande [en Français]. Le socialisme c’est le partage des richesses, la fin de la concentration des pouvoirs et des moyens de production dans les mains d’une même élite, toujours plus riche, alors que le reste de la population s’appauvrit. »
Dansl’univers imaginaire d’Hunger Games, la population affamée réclame elle aussi le partage des richesses. Dans ce monde post-apocalyptique, les survivants sont répartis par districts, 13 au total, chaque district étant spécialisé dans la production d’un bien fondamental : le charbon, essentiel pour se chauffer ou se déplacer, est attribué au district 12, alors que le district 4 par exemple est spécialisé dans la pêche ou le district 10 dans le bétail. L’ensemble des biens de production est ensuite envoyé dans la capitale, qui conserve le tout ou presque, sans redistribution vers les différents districts, qui manquent souvent de tout. Les 13 districts se lancent donc dans une rébellion contre le Capitole, cité de luxure et d’extravagances, centre politique et décisionnel, lieu où sont rassemblés les 1% de la population qui vit le mieux.
« Nous voulons la révolution parce que nous ne voyons pas d’autre moyen de sauver le système, il doit être remplacé, les gouvernements renversés », poursuit notre jeune Anonyme.
Un discours ferme qui fait écho aux slogans de la foule masquée : « Des nations de moutons gouvernés par des loups contrôlés par des porcs », « Nos gouvernements ont les moyens de faire la guerre mais pas de nourrir leurs pauvres », « L’humanité unie comme une seule entité et dans la paix ! ».
Si la plupart des Anonymous sont pacifistes et se sont eux spécialisés dans le hacking, d’autres sont plus violents: sur Leicester Square jeudi, certains insultaient les riches, d’autres, plus radicaux, s’en sont pris aux forces de l’ordre et ont incendié une voiture de police. Dans Hunger Games la révolution est encore plus musclée. C’est armes aux poing que la population de Panem tente de renverser le pouvoir...
Elise Dherbomez avec Loïc De La Mornais