Napoléon et les anglais : leur meilleur (et plus petit) ennemi

La lignée des "petits napoléons" face aux "grands" anglo-saxons, vue par la presse britannique (Daily mail)
A la question : "Que penses-tu de Napoléon?", la réponse d'Oscar, jeune étudiant anglais de 18 ans,  est étonnante : "Napoléon Dynamite?" Ce film américain de 2004 (qui relate la vie d'un lycéen américain et n'a rien à voir avec l'empereur français) semble être maintenant ce à quoi fait référence Napoléon dans les mentalités britanniques... 
Le 18 Juin 2015, nous célébrons le bicentenaire de la bataille de Waterloo qui causera la chute de l'empereur. Si la jeunesse anglaise en est un peu indifférente, les générations précédentes ne manquent pas de rappeler leur victoire. C'est une fierté que d'avoir vaincu l'un des plus grand stratège de l'histoire. Car c'est encore sa réputation. Les avis sont divisés, certains pensent que c'est un libéral, d'autres un dictateur. Mais une chose est sûre, c'est une personnalité historique majeure, même en Angleterre... même si nos -désormais- amis britanniques se délèctent sans relâche de sa petite taille, et de celle de nos présidents aujourd'hui....
Entre le 15 et le 16 Juin 1815, Napoléon envoie le Maréchal Ney pour faire reculer l'armée anglaise de Wellington et le Maréchal Grouchy contre les troupes prussiennes de Blücher. C'est un échec et certaines batailles sont empêchées par les conditions météorologiques permettant aux troupes prussiennes et anglaises de se retrouver pour faire front commun contre Napoléon. Le 18 Juin 1815 vers midi, la bataille éclate et le même jour Napoléon signe sa défaite aux yeux du monde entier.

Surnommé le Duc de Fer à l'issue de cette bataille, Wellington ne cachera pas son admiration pour Napoléon. Le régent (futur Roi George IV) offre même au général victorieux la colossale statue Napoléon en Mars pacificateur réalisée par Antonio Canova en 1817. La statue de 3,45m représente Napoléon sous les traits d'Auguste tel un dieu grec ; elle est déposée au centre de la cage d'escalier de sa demeure à l'Aspley House.

APSLEY HOUSE View of the statue of Napoleon holding a figure of Victory by Antonio CANOVA (1757-1822)

La statue de Napoléon dans la résidence de Wellington

 

A la vue de toutes les oeuvres représentant Napoléon et son entourage dans la Wellington Collection, Napoléon était certainement le meilleur ennemi du Duc de Fer. On le comprend, la victoire de Waterloo est d'autant plus prodigieuse que l'adversaire est de haut niveau. Alors, la maison Aspley et l'assocation Napoléonique d'Angleterre ne manquent pas de mettre en place des banquets commémoratifs en costume et reproductions à l'identique de la bataille de Waterloo sur le terrain belge, pour savourer une nouvelle fois cette victoire.

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"Dieu soit loué, le diable l'emporte" : Wellington jouant avec Napoléon en diabolo. Caricature anonyme de 1815, British Museum

Aujourd'hui, un Napoléon en Angleterre n'a pourtant pas la même image qu'en France. Il est surtout petit (1,68 m) et incontrôlable malgré ses qualités stratégiques. Les anglais retiennent de lui un dictateur qui aurait un jour dit qu'il n'en a rien a faire de la vie de millions d'hommes. C'est un homme de terreur qui envoie ses opposants sur l'île d'Oléron ou encore dans le jungle de Guyane. Il garde cette réputation d'homme charismatique mais les anglais rappellent aussi les défauts qui viennent avec ce caractère, notamment son égocentrisme au point de s'être couronné empereur de France lui-même. Les anglais éprouvent donc un malin plaisir à mentionner que l'homme que l'on admire souvent donne son nom à une maladie psychiatrique : le complexe Napoléon, un complexe d'infériorité qui nous pousse dans les extrêmes pour compenser une petite taille. Si le cognac Courvoisier fait de Napoléon sa marque de fabrique, toutes les pubs anglaises n'exploitent pas autant la grandeur de l'empereur français. Elles aiment souligner le décalage entre sa taille et sa fermeté. La publicité utilise l'image de Napoléon pour soutenir certains slogans comme "strong but powerful' ou "it's always the little ones that take on the world".

D'une manière générale, les présidents français ont souvent été caricaturés en Napoléon par la presse britannique. Nicolas Sarkozy en a, plus que tous les autres, souvent fait les frais...

Cameron Sarkozy Napoléon

"Ca ne promet rien de bon, monsieur le premier Ministre" : Caricature de Cameron et Sarkozy à l'occasion des traités de défense de Lancaster house en 2010 (Andy Davey pour The Sun)

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L'hebdomadaire anglais The Economist n'hésite pas à montrer en une la chute dans les sondage de l'ancien président français (Septembre 2010), le président qui "rétrécit incroyablement"

Sybille Aoudjhane, avec Loïc de La Mornais