Lassée par les mensonges, Louisa a cherché une alternative. Polyamoureuse depuis des années, nous l'avons rencontrée ainsi que ses deux compagnons, à Göteborg en Suède.
Louisa partage son temps entre les deux hommes: le père de ses enfants, Gösta, avec qui elle entretient une relation ouverte depuis une dizaine d’années, et Christian, l’autre partenaire de Louisa depuis un an et demi.
Les deux hommes se connaissent et sont amis : ça ne leur pose aucun problème d’entretenir une relation avec la même femme.
Pour Gösta, l'amour n'est pas quelque chose qui devrait se limiter à une personne : "C’est comme quand vous avez un enfant, vous l’aimez évidemment de tout votre cœur, puis un deuxième, et vous aurez toujours autant d’amour pour le deuxième que pour le premier!"
Nous les avons rencontré chez Heida, la mère de Christian - une belle-mère qui accepte la situation sans préjugés: "C’est tout simplement une façon de fonder une famille. Ils s’aiment. Christian et Göste sont amis; Louisa les aime tous les deux — ça marche!"
Même s'il prend source dans les mouvements de libération sexuelle des années 70, le polyamour n'est pas à confondre avec 'ménage à trois' ou 'amour libre' : pour ceux qui s'y engagent, il s'agit véritablement de construire plusieurs relations amoureuses en parallèle, et ce dans la transparence.
La communauté polyamoureuse ne se cantonne pas qu'en Suède : présente aux Etats-Unis, et dans les pays d'Europe du Nord principalement, elle reste toutefois minoritaire.
Ces dernières années, le Parti du Centre, qui siège au Parlement suédois, a milité pour un changement de loi qui permettrait de se marier à plusieurs, avant que la proposition soit abandonnée.
Dès la maternelle, la plupart des petits suédois apprennent qu’il existe des modèles de familles non-traditionnels. Pas si étonnant dans ce pays champion des avancées sociales: l’égalité homme-femme y est une priorité nationale; et l’adoption par les couples homosexuels est autorisée depuis plus de dix ans.
Même si le phénomène reste pour l'instant minoritaire, il suit une certaine évolution naturelle de la société selon Ylva Gellerstedt, psychologue: "Quand la société change, nos façons de créer des relations changent aussi. Avec la manière dont la société a évolué, ce n’est pas si étonnant qu’on questionne les normes en place: quelles sont leur rôle aujourd’hui et est-il possible de faire les choses différemment?"
Et selon elle, les monogames auraient beaucoup à apprendre de leur paires polyamoureux, notamment en matière de communication. Car avec plus de relations, les problèmes et leur résolution augmentent aussi de façon exponentielle !
Plusieurs fois par mois, les polyamoureux de Göteborg se réunissent pour des ‘poly fika’, des cafés-rencontre. Nous y avons rencontré Martin, qui se moque gentiment d'une certiane hypocrisie : "Les français m’ont beaucoup inspiré, ils ont toujours eu leurs histoires de maîtresses – même vos présidents ! Les gens ont besoin et envie d’amour et rencontrer de nouvelles personnes. Ce qu’il a de nouveau, c’est simplement qu’on en parle, et qu’on est ouverts et honnêtes avec tous ceux concernés."
Alors, les polyamoureux ont-ils trouvé la recette pour allier amour, honnêteté et modernité?
Un reportage de Rebecca Suner et Christophe Obert, avec Loïc de La Mornais; dans C'est un Monde, le tour du monde hebdomadaire tous les samedis dans Télématin.