Derrière leur côté comique, ces images, qui font actuellement le buzz au Royaume-Uni, montrent une facette sociale et morale bien sombre du pays. Le livre Stags, Hens & Bunnies, qui compile des photos que l'Ecossais Dougie Wallace a prises à Blackpool, porte bien son nom : "des cerfs, des poules et des lapins", il n'en manque pas dans cette ville du nord-ouest de l'Angleterre. Là, tout un chacun se déguise afin de célébrer dignement - ou pas - des enterrements de vie de célibataires, à coup de tenues légères et de litres de bière. Quand le mauvais goût est au rendez-vous.
Des jupes beaucoup trop courtes, des poitrines qui débordent, des oreilles de lapin roses... Même Bridget Jones ne serait pas à son aise à Blackpool. Les modèles du photographe écossais Dougie Wallace n'ont ni le physique, ni la grâce et encore moins la classe des mannequins. Bien au contraire, les femmes qu'il a photographiées sont des anonymes, venues faire la fête et s'oublier dans cette ville de bord de mer du nord-ouest de l'Angleterre où tout est permis. Quant aux hommes, moins nombreux dans ses clichés, on en découvre plus souvent les parties intimes que les visages.
Dans le livre Stags, Hens & Bunnies, Dougie Wallace compile des images qu'il a prises entre septembre 2011 et novembre 2013 à Blackpool, où il s'est glissé dans de multiples enterrements de vie de garçon ou de jeune fille pour observer - et immortaliser - les comportements les plus décadents. Ces photos donnent à voir une facette bien sombre de l'Angleterre, et laissent perplexe quiconque les regarde.
Déjà sur la route vers Blackpool, les fêtards commencent fort.
A la limite de la déchéance, Blackpool est sans aucun doute la capitale britannique du mauvais goût.
Déjà, il y a les costumes. Aucune robe des filles ne descend plus bas que le haut des cuisses. En fait, à Blackpool, on n'y vient même pas en robe ! On se déguise. Et plus le déguisement est provoquant, mieux on se sent. De toutes manières, les probabilités de finir dévêtu(e) sont élevées !
Ensuite, il y a l'alcool qui coule à flot. Dès le matin. Pas vraiment étonnant que Blackpool soit la ville dans laquelle le taux de mortalité des hommes dû à l'alcool est le plus élevé du pays. "Pour moi, ce sont les photos prises en journée qui sont les plus choquantes, témoigne le photographe. Tous les week-ends, la ville reflète ce que la société a de plus malsain, car, même si les fêtards ne font que reproduire les comportements qu'ils ont déjà chez eux, leur présence à Blackpool est une excuse pour boire encore plus."
Blackpool, c'est aussi le paradis de la mal-bouffe. On imagine aisément une odeur de friture permanente. "Il s'agit de tout oublier à coup de Jägerbombs (un alcool très fort) et de pintes, et de manger du fish & chips pour absorber tout ce qui a déjà été ingurgité et ce qui est encore à venir", résume le photographe, qui a découvert la ville en octobre 2010.
Enfin, Blackpool, c'est la ville où toutes les limites sont franchies. Jeux d'alcool, bastons, sexe sauvage dans les toilettes, tous les tabous sont tombés depuis longtemps. Sur le site Internet de Wallace, Blackpool est décrite comme "une sale mais géniale spirale de débauche, de libertinage, de rire, de vomi, de menottes en fourrure, de costumes et de trous noirs dus à l'alcool." Géniale, really ?
A lire : Stags, Hens & Bunnies, de Dougie Wallace, 96 pages, 28 livres (35 euros).
A voir : A Londres, à la Hoxton Gallery, exposition du 25 juillet au 3 août.
Céline Schoen avec Loïc de La Mornais