Pour la vingtième fois de son histoire ce samedi, le Tour de France s’élancera de l’étranger. N’en déplaise aux puristes, cette année, c’est le Yorkshire qui a gagné la faveur des organisateurs de la Grande boucle : un comté du Nord de l’Angleterre méconnu, pourtant classé troisième plus belle région du monde selon le guide Lonely Planet. Pas peu fier, le premier ministre David Cameron se réjouit d’assister au départ du Tour : "Je ferai tout pour le promouvoir, a t-il déclaré hier, sauf porter du Lycra."
Nous vous expliquons en 5 points pourquoi le Yorkshire a été choisi comme Grand Départ, et ce qu'il ne faut pas manquer sur la route so british du "Touw de Fwance!!!"
1. Parce que le Yorkshire est magnifique
Avec sa campagne verdoyante et son relief varié, le comté du Yorkshire s’est imposé face à Barcelone, Berlin, Florence et l’Écosse, également en lice pour le Grand départ de cette 101ème édition de la course. Avec ses parcs nationaux et deux monuments classés au patrimoine mondial de l’UNESCO, dont la superbe Fountains Abbey, le Yorkshire recèle d’Histoire. Pour les habitants de la région, c’est surtout l’occasion de montrer que, loin des clichés, le Nord de l’Angleterre n’est pas une vaste friche industrielle maussade.
C’est à la fois le charme de cette campagne anglaise intacte et l’enthousiasme des habitants qui ont plu à Christian Prudhomme, l'actuel président du Tour de France : "J'ai été séduit par la beauté du Yorkshire et la différence entre l'été et l'hiver, ainsi que le contraste entre la belle ville de Leeds et la campagne magnifique à quelques kilomètres de là. C'est vraiment fascinant", a-t-il déclaré.
2. Parce que les Anglais sont sportifs et accros au vélo
En 2007 déjà, 2 millions de spectateurs s’étaient amassés au bord des routes londoniennes pour voir passer le peloton. Une ferveur certainement pas retombée depuis, avec les victoires successives de deux Britanniques dans le Tour : Bradley Wiggins en 2012, absent cette année, et le tenant du titre, Chris Froome. Sans compter les succès nombreux succès olympiques de Team GB, qui a raflé 12 médailles en cyclisme durant les Jeux de Londres en 2012, classant le pays en première position dans cette discipline.
Le Yorkshire plus particulièrement, est une terre de vélo puisque c’est la région dont est originaire Berryl Burton, coureuse cycliste féminine au palmarès impressionnant : elle a été la meilleure cycliste britannique de 1959 à 1977 sans interruption. Pour la première fois de son histoire, le Tour aura une force volontaire pour assister les spectateurs, à l’image des Games Makers pendant les JO de Londres. Signe de l’enthousiasme général, pour 10 000 places, 30 000 candidatures ont été déposées. Même si la plupart des habitants ne savent pas à quoi s’attendre, l’enthousiasme gagne les villes et villages sur la route du Tour : vélos jaunes perchés sur le bord des routes, guirlandes de maillots tricolores, certains repeignent même leur maison aux couleurs du Tour. Les Anglais l’avaient déjà prouvé pendant les Jeux de 2012 : ils sont très forts pour transformer un évènement sportif en une véritable fête.
3. Parce que le Tour de France n'a pas toujours la classe d'être lancé par Kate & William !
Étape 1 : de Leeds à Harrogate (190,5 km)
C’est de l’avenue Headrow à Leeds que s’élancera la Grande Boucle ce samedi matin. Un départ cérémoniel à allure réduite, puisque le véritable top se donnera 13 kilomètres plus loin, à Harewood House, demeure d’un cousin de la Reine au domaine impressionnant, sous le regard d’invités de marque : c’est au Duc et la Duchesse de Cambridge, ainsi qu’au Prince Harry, que reviendra la tâche de couper le ruban marquant le départ officiel de la course.
La course s’élancera alors sur des routes serties de 22 000 petits maillots tricolores tricotés par les habitants, via des petits villages où ils sont attendus de pied ferme, notamment à Ilkley, qui a le plus grand club de cyclistes amateur du pays, avec plus de 1000 adhérents, ou Skipton, et son maillot jaune géant en devanture de l’église. Suivra un passage par le Parc National des Dales ("Dale" en français signifie "vallon") et la première côte du Tour, celle de Buttertubs - 4,5 kilomètres de montée à 6,8% - avant un détour par les chutes de Aysgarth.
La fin de l’étape passera par Ripon, non loin de sa cathédrale, l’une des plus vieilles d’Angleterre. Christian Prudhomme l'a visitée : "Dans la cathédrale de Ripon, nous sommes descendu dans la crypte qui date de 672 et le prêtre a béni le Tour de France. Je n'avais jamais vu ça avant ! "
Enfin, l'étape se terminera à Harrogate. Une arrivée pour les sprinteurs, avec peut-être une chance pour l’Anglais Mark Cavendish, 25 victoires d’étapes au compteur. Motivation supplémentaire : une partie de sa famille habite la région et c’est Kate, William et Harry qui remettront le maillot jaune au vainqueur de la première étape.
4. Parce que l'Angleterre à vélo, c'est pas du gâteau !
Étape 2 : de York à Sheffield (201 km)
Cette deuxième étape du Tour, avec ses neuf côtes, a des airs de "Liège-Bastogne-Liège", selon les organisateurs. Ils font référence à l'une des courses cyclistes les plus mythiques, car son parcours est particulièrement accidenté. L'étape entre York et Sheffield risque donc d'être très exigeante.
La ville de départ, York, est la deuxième destination touristique d'Angleterre, après Londres. Outre ses multiples musées, York est aussi célèbre pour sa cathédrale gothique, la plus grande d'Europe du Nord. De même, la Clifford's Tower, des remparts qui datent du XIIe siècle, sont les plus longs et les mieux conservés d'Angleterre.
Le circuit passe ensuite par le village d'Addingham... le seul par lequel le Tour passe deux fois. Un autre village qui vaut le coup d'oeil sur la route du Tour est Knaresborough. Particulièrement décoré, grâce au travail des écoliers locaux, il vit aux couleurs du Tour. Depuis le château de Knaresborough, la vue sur le viaduc qui relie les deux berges de la rivière Nidd est magnifique.
Sheffield, ville d'arrivée du Tour, a souffert de la fin de l'ère du charbon et de l'acier, mais a su reprendre du poil de la bête. Avec ses airs post-industriels, la ville n'est plus synonyme de chômage et de misère, mais plutôt de renouvellement et de dynamisme.
Étape 3 : de Cambridge à Londres (155 km)
Voilà une troisième étape un peu plus classique, qui rappelle le précédent Grand Départ du Royaume-Uni, à Londres en 2007. Christian Prudhomme s'est d'ailleurs dit très impressionné par la ferveur des Britanniques à l’époque. Le peloton arrivera par l'Est de la ville, et ce n'est pas un hasard : il passera par le Parc olympique !
Les Londoniens aiment, en règle générale, beaucoup le vélo. Ils sont nombreux à utiliser les Barclays bikes, équivalents des Velib parisiens, notamment pour aller au travail. Le maire, Boris Johnson, est lui-même un adepte des vélos : il n'utilise quasiment que ce moyen de transport, même pour ses déplacements officiels. La capitale britannique est ville-étape du Tour pour la deuxième fois.
L'arrivée à Londres se fera devant Buckingham Palace, en d'autres termes, sous les fenêtres de la Reine.
5. Parce qu'il y a beaucoup à voir et à faire pour les spectateurs
Dans le Yorkshire :
- La meilleure façon de découvrir le parc national des Dales est d'y faire une randonnée, en passant par les cascades d'Aysgarth, pour profiter de paysages à couper le souffle. Perdu au milieu de la nature, le village de Hawes vaut le détour.
- Les Yorkshire Trike Tours : un tour de 50 minutes en moto tricycle pour découvrir un bout de la route du Tour.
A Londres :
- Regarder le Tour depuis le café Look Mum No Hands, au Nord de la Tamise, qui compte aussi un atelier qui répare des vélos. L'endroit est décoré spécialement pour l'occasion, et le Tour diffusé sur écrans géants.
- Pour faire du vélo : les pistes qui ont été utilisées pendant les JO de Londres sont désormais ouvertes au public.
- Découvrir les Brompton Bicycles, des vélos pliables de fabrication britannique.
Rebecca Suner et Céline Schoen, avec Loïc de la Mornais