Une cliente irlandaise d'un magasin "Primark" affirme qu'elle a trouvé dans un pantalon une note, sous forme d'un SOS, décrivant les conditions de travail atroces dans une prison chinoise. La chaîne d'habits à bas prix veut s'assurer de son authenticité.
Voici le SOS d'un Chinois en détresse. Dans un pantalon acheté dans un magasin Primark de Belfast (Irlande du Nord) en juin 2011, Karen Wisinska affirme avoir trouvé un billet rédigé à la main, accompagné d'une carte d'identité de prison, expliquant que les détenus étaient obligés de fabriquer des habits 15 heures par jour. L'auteur ajoute que les prisonniers doivent travailler "comme des bœufs" et révèle que la nourriture qui leur est donnée ne serait même pas considérée comme comestible pour des animaux.
Karen Wisinska, qui vit en Irlande du Nord, n'a découvert le petit mot que la semaine dernière, n'ayant jamais porté le vêtement en question car sa fermeture éclair était cassée. Lorsqu'elle a ressorti le pantalon de son armoire alors qu'elle préparait ses affaires pour partir en vacances, elle a trouvé le petit mot. Elle a rapidement compris qu'il s'agissait d'un appel à l'aide car les lettres "SOS" étaient écrites en caractères latins. La suite était rédigée en chinois. Contactée via Twitter, Karen Wisinska explique : "J'ai mis une photo sur Facebook pour voir si quelqu'un pouvait traduire le texte et certains l'ont fait. Il y avait écrit SOS SOS SOS, évidemment c'était important."
A la lecture de la traduction, la jeune femme dit s'être "sentie très mal". A la BBC, elle explique : "J'étais choquée d'avoir trouvé cette note et cette carte dans le pantalon de Primark et encore plus choquée de découvrir qu'il semble avoir été fait dans des conditions d'esclavage dans une prison chinoise." L'Irlandaise ajoute : "Je suis tellement désolée de ne pas avoir découvert la note quand j'ai acheté cet habit - j'aurais alors pu faire éclater ce scandale bien plus tôt."
La jeune femme a contacté Amnesty International afin de faire état de sa terrible trouvaille, comme le demandait l'appel à l'aide : "Nous [les prisonniers] supplions la communauté internationale de dénoncer la Chine pour ces actes inhumains." Le directeur de l'association en Irlande du Nord, Patrick Corrigan, a réagi : "C'est un récit horrible. Il est très difficile de savoir s'il est authentique, mais il faut craindre que ce ne soit que la partie émergée d'un iceberg." La note détaille la localisation de la prison dans laquelle serait enfermé l'auteur : celle de Xiangnan, à Hubei, à l'Est de la Chine.
Un porte-parole de Primark a annoncé l'ouverture immédiate d'une enquête - pour le moment, les allégations ne sont pas confirmées. Ce n'est pas la première fois que de si sombres découvertes choquent. En 2012, un appel à l'aide avait été caché dans un costume d'Halloween vendu aux Etats-Unis. Et très récemment, au pays de Galles, une cliente de Primark avait trouvé, dans une robe fleurie à 12 euros, les mots "forced to work exhausting hours" [forcés de travailler ; horaires épuisants] cousus à la main sur l'étiquette. L'occasion d'enfin réfléchir à l'éthique ?
Céline Schoen avec Loïc de la Mornais