Européennes 2014 : victoire historique du parti eurosceptique britannique

Nigel Farage, leader du parti europhobe Ukip, a salué la première victoire de son parti dans une élection nationale, avec un score de 27,5%. Ce dernier remporte au total 24 sièges au Parlement Européen, soit près du double des 13 sièges obtenus lors des dernières élections européennes en 2009.

Un « séisme » politique

Avec un taux de participation en légère hausse (36% contre 34,7% en 2009), la victoire de l’Ukip est avant tout une première dans l’histoire politique britannique. En effet, c’est la première fois, en 108 ans, qu’un parti, autre que les conservateurs ou travaillistes, arrive en tête d’un scrutin national. Un tel résultat n’avait jamais été atteint par un parti sans députés à Westminster.

A l'annonce de sa propre réélection dans la région sud-est de l'Angleterre, Nigel Farage n’a pu contenir sa joie. "Vous n'avez pas fini d'entendre parler de nous", a-t-il déclaré triomphalement, à un an des élections législatives.

"L'armée populaire de l'Ukip a parlé ce soir, et a délivré le résultat le plus extraordinaire en 100 ans de vie politique britannique", s'est vanté le dirigeant de 50 ans.

Les conservateurs, qui étaient arrivés premiers la dernière fois avec 25 sièges, ont subi une forte humiliation en décrochant la troisième place pour la première fois dans une élection nationale. Ils ont obtenu 23,9 % des voix, perdant ainsi sept sièges.

Les travaillistes ont sécurisé leur victoire au pays de Galles, au Nord-Est et Nord-Ouest de l’Angleterre et à Londres, s’accaparant ainsi 25,4% des voix. Le nombre de ses eurodéputés passe de 7 à 18.

Les démocrates libéraux, quant à eux, ont perdu la quasi-totalité de leurs 11 sièges, n’en possédant plus qu’un. Le parti arrive en cinquième position – après les Verts – dans toutes les régions du Royaume-Uni.  Face à ce désastre électoral, la pression monte pour son dirigeant, Nick Clegg. Plus de 200 personnes, y compris des candidats du Lib-Dem, ont signé une lettre appelant Clegg à démissionner. Une conséquence qui pourrait soulever des doutes sur la capacité de la Coalition à continuer d’exister jusqu'aux prochaines élections en 2015.

Soulèvement d’un quatrième parti politique

Suite à ces élections européennes, l’opinion publique confirme que le pays est entré dans une ère d’une « politique à quatre partis ». En effet, l’Ukip apparaît désormais comme un quatrième acteur de poids dans le paysage politique britannique et oblige les autres partis à se repositionner sur la question de l’Europe.

C'est le cas du Premier ministre David Cameron, qui se retrouvera soumis à une forte pression dans son propre camp, après avoir été obligé de promettre la tenue d'un référendum sur l'appartenance du Royaume-Uni à l'Union Européenne en 2017. Dès dimanche, Nigel Farage a demandé d’accélérer le calendrier.

Malgré tout, Cameron exclut tout pacte avec l’Ukip et affirme : « Je pense que les résultats montrent un message très clair émanant de la population britannique profondément déçue par l’Union Européenne ».

« Le défi de mon parti est maintenant de prouver que nous avons un plan pour garantir ce changement, de renégocier la place de la Grande-Bretagne en Europe, d’obtenir un meilleur accord pour le pays, changer l’Europe, et enfin soumettre le choix au peuple britannique à travers un référendum  avant la fin 2017. C’est ce que nous allons faire ».

William Hague, le ministre des Affaires étrangères, a déclaré que les électeurs qui ont soutenu Ukip aux élections européennes reviendraient aux conservateurs l'an prochain.

« Je pense qu'il y a une profonde désillusion et mécontentement non seulement dans ce pays mais dans toute l'Europe, » a-t-il dit. « Je pense que les gens savent que les élections européennes ne garantissent qu’un vote libre. C’est tout à fait différent qu’une élection générale ».

Il ajoute : « Les gens sont capables de voter différemment dans plusieurs élections. Ils se servent de diverses élections pour délivrer des messages opposés ».

Victoires en masse des partis eurosceptiques en Europe

Dans l’Union européennes, les partis nationalistes et eurosceptiques ont acquis des sièges importants, leur permettant ainsi de doubler leur pouvoir au sein du Parlement européen. En France, le Front National de Marine Le Pen est arrivé en tête des sondages pour la première fois de son histoire. Avec 26,0% des voix, le parti de l’extrême droite a gagné 24 sièges.

Nigel Farage a jusqu'ici refusé toute alliance formelle avec le Front national. « Nous allons avoir un bon nombre d'eurosceptiques élus au Parlement européen », s'est cependant félicité Farage.

« Je ne veux pas seulement que la Grande-Bretagne quitte l'Union européenne, je veux que l'Europe abandonne l'Union européenne », a-t-il lancé dimanche soir.

« Je ne crois pas que ce drapeau européen, cet hymne, et ce président dont personne ne connaît vraiment le nom, représentent ce que l'Europe devrait être ».

Zoé Loporto avec Loïc de La Mornais