Voilà une affaire qui illustre une fois de plus l'honnêteté britannique. C'est parce qu'il a menti que Chris Huhne, étoile montante du parti libéral démocrate, passera huit mois derrière les barreaux. Et peu importe qu'il ait été ministre de l'environnement ( sa passion ) du gouvernement de David Cameron. Dés les premiers soupçons révélés par son ex-femme dans la presse, le ministre avait commencé par démissionner "pour pouvoir se défendre", ce qui en soi constitue déjà une sacré différence avec la France. On n'imagine pas dans notre pays, un ministre démissionner simplement parce qu'il est mis en accusation, et encore moins lorsqu'il s'agît d'une petite affaire !
Car celle-ci n'a rien de choquant. En 2003, Huhne et son épouse sont alors flashés sur l'autoroute pour excès de vitesse. Ils déclarent que ce n'est pas lui mais elle qui était au volant. 10 ans plus tard, sa femme, découvre un adultère et décide de se venger en révélant les faits. Mais, comme elle aussi a menti, la condamnation n'en sera pas moins forte. Mme Pryce découvrira les charmes de la prison pour femmes de Holloway dans le nord de Londres qui selon d'anciennes détenues est assez repoussante. Le juge a estimé, même si l'ex-ministre a reconnu les faits devant le tribunal plaidant "coupable", qu'ils ne doivent s'en prendre qu'à eux-mêmes. Pour trois malheureux points que ses électeurs lui auraient sûrement vite pardonnés, Chris Huhne a tout perdu. D'abord sa place au sein du gouvernement de David Cameron, ensuite son poste de parlementaire et enfin sa vie politique. Car il est impensable en Grande-Bretagne qu'un homme condamné puisse se présenter à nouveau devant les électeurs. La règle impose en fait qu'il exécute au minimum un quart de la peine, soit deux mois de prison, et qu'il porte ensuite un bracelet électronique pendant six autres mois. Ce qui vaut aussi pour son ex-femme.
Voilà donc bien une affaire en tout point "exemplaire". En France on estimera que ce jugement est excessif. Mais comme l'a dit David Cameron cela montre que dans ce pays "riche ou pauvre, personne ne peut échapper à la justice". Le prix à payer pour qu'une classe politique soit respectée.
Jacques Cardoze